Aux sixièmes Assises du journalisme, la journée de mardi se terminait avec un débat public sur la presse féminine. L'occasion de confronter des lignes éditoriales et des business models très différents puisque le panel rassemblait la directrice des Nouvelles news, un pure player, la rédactrice en chef de Grazia, la rédactrice en chef adjointe de Elle et celle de Causette. Elsa Guiol, de chez Grazia, et Anne-Cécile Sarfati, de chez Elle, ont plus ou moins fait front commun pour défendre leur modèle, celui de parutions rattachées à des grands groupes de presse et très majoritairement financées par la publicité. Un modèle qui peine à être crédible dans l'info généraliste en raison de ces liens : pas question pour Grazia, appartenant au groupe Mondadori, de tacler Berlusconi. Chez Elle, les publicités du luxe sont trop précieuses pour oser parler de l'évasion de Bernard Arnault... La représentante de Elle à aussi été mise en face de ses contradictions : comment un journal qui s'autoproclame "engagé pour le droit des femmes" peut-il continuer de faire défiler sur ses unes et dans ses pages les mêmes mannequins invariablement jeunes, minces, blanches et représentatives de la classe supérieure? Elle botte en touche "nos lectrices nous aiment pour notre schizophrénie"... En parallèle, Causette et Les Nouvelles news donnaient à voir une presse féminine novatrice non seulement en termes de ligne éditoriale mais aussi en termes de business model. Causette, lancé il y a un peu plus de deux ans avec un prêt à la consommation de 20 000 euros et beaucoup de courage est aujourd'hui bénéficiaire et se finance presque exclusivement sur les abonnements et les ventes en kiosque, s'interdisant plus de 10% de pages de pubs triées sur le volet. Les Nouvelles News, qui a érigé il y a peu un paywall , organise également des conférences autour de la parité qui lui fournissent un complément de revenu. On a réellement eu la preuve mardi qu'une autre presse féminine est possible, et que les nouveaux modèles économiques ouvrent la porte à une plus grande crédibilité de celle-ci.
One thought on “Presse(s) féminine(s), presse d’info?”