Le terrible « J’accuse » des diffuseurs de presse ! – #Gratuit

Pierre Bloch et quelques autres diffuseurs de presse, les kiosquiers comme l'on dit, tapent du poing sur la table. En tant que porte-parole de l'AADP (Association pour l'avenir des diffuseurs de Presse), Pierre Bloch attaque l'UNDP, le syndicat des diffuseurs, l'accusant de ne plus être en position de représenter une profession aux abois qui a plus que jamais besoin d'une véritable réforme menée en concertation avec les éditeurs, Presstalis et la puissance publique. Pierre Bloch au nom de l'AADP demande à être reçu par Aurélie Filippetti, la ministre de la culture et de la communication. Selon lui, le président de l'UNDP Gérard Proust devrait quitter immédiatement ses fonctions, car sa nomination est "entachée d'erreurs" et de soupçons. L'affaire est capitale alors que la presse est en pleine restructuration de ses moyens de distribution. Nous publions les éléments principaux de ce dossier qui ont conduit Pierre Bloch à faire cette démarche. Les éditeurs ont été alertés. (Publié le 18 décembre)

ElectronLibre : Quelles circonstances vous ont amené à faire scission pour créer votre propre mouvement ?
- Pierre Bloch : L’AADP n’est pas, à ce jour, un syndicat mais un mouvement associatif né des difficultés rencontrées par les diffuseurs qui ne partagent pas les positions prises par l’UNDP (union nationale des éditeurs de presse) et n’acceptent plus les méthodes de son équipe dirigeante actuelle. Ce mouvement rassemble aussi bien des diffuseurs qui ne désiraient pas adhérer à l’UNDP que des adhérents et même des cadres de ce syndicat qui souhaitent que la base soit entendue et que la transparence nécessaire à la légitimité soit rétablie.
Notre mouvement n’a pas vocation à remplacer l’UNDP mais à remettre notre syndicat sur le chemin de la défense des intérêts de notre profession en le restructurant et en obtenant le respect par ceux qui en ont la garde, des principes démocratiques.

EL : Vous contestez plusieurs points très importants concernant la direction de l'UNDP. Quels sont ils ?
- PB : Malgré nos demandes répétées, l’accès aux informations concernant l’UNDP reste très difficile voire impossible.
La direction de l’UNDP refuse de publier ses comptes bien que ce soit une obligation légale pour tous les syndicats professionnels. Ce n’est pas un oubli ou une erreur car nous l’avons maintes fois demandé. En refusant de se soumettre à cette obligation légale, notre syndicat perd de fait sa qualité de représentation. Il ne peut plus signer aucun accord au nom des diffuseurs. Il est aussi très difficile, voire impossible pour les diffuseurs d’avoir connaissance des statuts et même du règlement intérieur du syndicat, et ce, aussi bien pour les candidats à l’adhésion que pour les adhérents de longue date. Nous ne les avons obtenus que par les organismes officiels en charge de leur enregistrement pour les statuts et, après menace de faire intervenir un huissier pour le règlement intérieur. Un diffuseur souhaitant adhérer s’est même vu refuser la lecture du règlement intérieur avant qu’il n’ait versé sa cotisation; ce que, de ce fait, il a refusé de faire.
L’opacité est aussi de mise dans les engagements pris par la direction au nom des diffuseurs. Ceux-ci ne sont pas informés à l’avance des consultations en cours et leur point de vue n’intéresse aucunement la direction de l’UNDP qui seule sait, ce qui est souhaitable pour la profession. Ainsi les diffuseurs adhérents ou autres se voient mis devant le fait accompli dans l’obligation de respecter des accords auxquels ils n’ont pas souscrit. Accords qui ne sont pas souvent à leur avantage comme en atteste la situation dans laquelle les diffuseurs se trouvent aujourd’hui.
Ce manque d’ouverture vient de se traduire très récemment par une tentative de radiation pure et simple d’un directeur départemental de l’UNDP qui avait eu le bon sens et le courage de faire savoir qu’il ne cautionnait pas les manquements légaux de la direction.
De plus, les méthodes d’enregistrement des adhésions et de prélèvement des cotisations ne nous paraissent pas acceptables. Certains dépôts acceptent de prélever sur le compte des diffuseurs, à l’aide de l’autorisation de prélèvement qu’ils ont obtenus de ceux-ci pour le paiement de la presse livrée, la cotisation d’adhésion à l’UNDP si les diffuseurs concernés n’envoient pas un courrier refusant de payer cette cotisation. D’une part il nous semble qu’il faut être volontaire pour adhérer à un syndicat. De plus il n’est pas acceptable qu’un dépôt use d’une autorisation de prélèvement qu’il a reçue d’un diffuseur pour en faire bénéficier  une organisation tierce !
Cette méthode associée à l’impossibilité de connaître le nombre d’adhérents et de vérifier la fiabilité de la liste des adhérents transmise aux services de l’Etat devant statuer sur la représentativité du syndicat, ne peut que laisser planer des doutes sur les risques de malversations dans l’établissement de cette liste qui est le fondement de la crédibilité de notre syndicat.
Enfin, l’importance des cotisations est de nature à empêcher beaucoup de diffuseurs d’adhérer et contribue à la division plus qu’au rassemblement nécessaire.

"Le président de l'UNDP doit partir"

EL : Demandez vous que le président de l'UNDP quitte ses fonctions ?
- PB : Nous le souhaitons en effet mais ne devrions même pas à avoir à le demander car il n’est plus en droit d’exercer cette fonction depuis des mois. En se maintenant à la tête du syndicat bien que n’étant plus diffuseur depuis juin 2011 il ne respecte pas les statuts de l’UNDP. Ceux-ci prévoient que dans le cas ou le Président n’est plus diffuseur il doit en informer rapidement le bureau de l’UNDP et abandonner sa fonction dans les six mois. Le Secrétaire National peut éventuellement lui demander par écrit de prolonger six mois de plus. Au plus tard en juin 2012 nous aurions donc du changer de Président ce qui n’est toujours pas le cas.
Par ailleurs il ne nous paraît pas sain de cumuler les statuts d’actionnaire gérant et de directeur de la Sarl UNION PRESSE avec la fonction de représentation syndicale. Il y a là un important risque de conflit d’intérêts potentiellement préjudiciable aux diffuseurs. Le procès verbal d’assemblée générale de la Sarl UNION PRESSE du  26 mars 2002 indique que le Président en fonction de l’UNDP est aussi le seul actionnaire avec le syndicat (25%/75%) de cette Sarl qui le rétribuait pour cela (en 2002) à hauteur de 3300 euros mensuels pour la fonction de gérant et 3300 euros mensuels pour celle de directeur et le défraie totalement.
Cela ne nous semble pas compatible avec les intérêts de défense des diffuseurs.
De même il ne nous paraît pas anodin de constater que cette revue professionnelle est distribuée et facturée à tous les diffuseurs qui n’ expriment pas leur volonté de ne pas la recevoir et que contrairement à toutes les parutions de Presse, les invendus n’en sont jamais rappelés. Ceci est proche de ce que l’on pourrait appeler de la vente forcée.

EL : Etes vous prêts à aller en justice ?
- PB: C’est effectivement une solution que nous envisageons sérieusement à l’heure actuelle à défaut d’être écoutés. Les diffuseurs ne peuvent rester sans représentation dans un contexte aussi difficile et à un moment clé de l’histoire de la distribution de la Presse en France.
Ce n’est toutefois pas souhaitable et nous aimerions pouvoir éviter cela.

"Entachée d'erreur"

EL : La rue de Valois a visiblement aussi des doutes, allez vous essayer de rencontrer la ministre Aurélie Filippetti ?
Au vu de ce que nous avons mis à jour, nous apprécierions effectivement d’être reçus par Madame Filippetti pour remettre sur pieds ce nécessaire outil que constitue le syndicat des diffuseurs de Presse et participer activement aux réflexions en cours sur l’évolution de la distribution de la Presse en France. De nombreux emplois en dépendent et nous pensons devoir apporter un souffle nouveau et salvateur à notre branche professionnelle en opérant un rapprochement avec les éditeurs.
A ce jour, Madame Franceschini (directrice de la DGMic, ndlr) nous a confirmé que la légitimité de représentation accordée à l’UNDP lors de l’attribution des deux places de représentants des diffuseurs au CSMP était possiblement entachée d’erreur, mais qu’il n’était pas possible de revenir en arrière et, qu’il nous faudrait attendre les prochaines nominations pour rectifier.
Nous pensons que plus vite les erreurs constatées seront rectifiées, plus vite nous pourrons travailler à l’élaboration de nouvelles solutions pour notre filière qui en a bien besoin.

EL : 500 kiosquiers disparaissent tous les ans, sur un total de 27 000 au dernier recensement, quelle est la part de responsabilité de Presstalis ?
C’est environ 1100 points de vente qui ont fermé en 2012 ! Ces dernières années nous étions sur un rythme de 700 mais de nombreuses ouvertures de rayons intégrés en GMS compensaient en grande partie le nombre de fermetures de magasin, même si la quantité de linéaire s’en trouvait nettement amoindrie. Cette année les ouvertures en grande surface, quoique nombreuses ne suffiront pas à masquer les fermetures.
La responsabilité de Presstalis est à la fois historique et actuelle. Pendant les années fastes, les éditeurs ont laissé la messagerie diriger à sa guise. Ne soyons donc pas surpris aujourd’hui qu’elle ait organisée à son profit la distribution. Ce faisant, elle a coupée toute communication directe entre les éditeurs et les diffuseurs qui sont pourtant les seuls acteurs de la chaîne à être très dépendants des ventes. Aujourd’hui encore, les grèves multiples qui affectent la distribution, contribuent à accélérer les fermetures de points de vente qui, rappelons le sont des indépendants et ne bénéficient d’aucuns capitaux autres que leurs apports.

EL : Quel rôle joue Presstalis à votre avis dans cette affaire ?
- PB : Presstalis est un acteur de la filière. La messagerie défend ses intérêts et elle n’en a aucun à favoriser la communication entre éditeurs et diffuseurs. C’est un outil logistique financé par les éditeurs comme la majorité des dépôts. A tort, et contrairement à ce qui se fait dans la filière librairie, les éditeurs lui ont confié un rôle commercial qui l’a détournée de sa fonction première logisticienne. Il convient maintenant de lui retirer toute prérogative en cette matière mais il est toujours difficile d’abandonner un pouvoir.

Nous publions les documents de l'UNDP obtenus par l'AADP,

 

Les status du syndicat :
Précisant l'obligation pour le Président d'exercer la profession de diffuseur.

Statuts UNDP

Règlement intérieur UNDP :
Règlement intérieur prévoyant les conditions et les limites de maintien en fonction d'un président ayant abandonné l'exercice de la
profession de diffuseur.

Règlement Intérieur UNDP

Réponse de Mme Franceschini reconnaissant que ses services ont éventuellement fait une erreur en accordant la légitimité de représentation à l'UNDP suite à nos dénonciations concernant l'absence de publication des comptes pourtant obligatoire depuis la loi Perruchot (2008) à compter de l'année 2009.

A ce jour les comptes ne sont toujours pas publiés et les commissaires aux comptes se succèdent chaque année, aucun ne souhaitant rester responsable de ce dossier qui présente probablement quelques "points douteux".

Réponse DGMIC Nov 2012.pdf

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