Deuxième gros coup en un mois pour le groupe Viacom France qui annonçait jeudi le lancement de sa nouvelle chaîne J-ONE, entièrement dédiée à la pop culture asiatique, des mangas à la K-Pop en passant par le « lifetsyle ».
Jeudi 3 octobre, rendez-vous était donné à la Maison de la culture du Japon à Paris pour la présentation de la dernière-née des chaînes du groupe Viacom France, à peine quelques semaines après le lancement en grandes pompes de Paramount Channel, canal dédié à la diffusion du catalogue de ce studio hollywoodien. Le lieu était propice puisque J-ONE a pour ambition de couvrir l’actualité « pop culture manga » de manière « post analogique » pour reprendre l’expression employée à plusieurs reprises par Thierry Cammas, président-gérant de Viacom International Media Networks France.
Alors que certains s’acharnent à enterrer avant l’heure la télévision dans son ensemble, mettant dans le même sac une TNT souvent décevante et des chaînes payantes forcément plus qualitatives, ces dernières semblent bien décidées à prouver qu’elles ont encore quelques tours dans leur sac. On a ainsi vu ces derniers temps un focus très fort sur les séries, et en particulier celles produites aux Etats-Unis qui remportent un engouement quasi messianique, avec les lancements plus ou moins convaincants de Canal Plus Séries ou de OCS City génération HBO. Ce créneau étant désormais largement occupé, il était logique que d’autres groupes cherchent à exploiter des filons différents mais tout aussi porteurs, et c’est précisément ce que fait Viacom France, en s’engouffrant d’abord dans le cinéma puis dans la pop culture asiatique.
Offre (légale) et demande
Comme le rappelle judicieusement Thierry Cammas, le marché en France pour les séries d’animation japonaise est tout à fait prometteur, et la culture asiatique a récemment fait quelques incursions remarquées, comme avec le tube coréen « Gangnam Style ». En 2012, plus de 150 événements dédiés à cette culture ont été organisés dans l’hexagone, et il se vend un manga toutes les 2,5 secondes (ce qui fait de ce pays le second marché au monde pour cette littérature de genre). Le dirigeant du groupe de télévision précise également que 15 millions d’amateurs auraient été identifiés, en partie au travers de Game One, une autre chaîne du groupe, plus généraliste, mais qui propose aussi des animés japonais. Il avance que 80% de ces personnes regarderaient des « japanimations », que 39% des 15-34 ans souhaiteraient qu’une offre plus importante leur soit proposée par le biais d’Internet ou de la télévision, mais aussi que 20% de ces mêmes jeunes et jeunes adultes seraient férus de diffusions en avant-première, soit une consommation complètement illégale puisqu’elle repose sur des sites de streaming ainsi que la communauté du « fansubbing ».
Immédiateté obligée
Autant d’éléments qui donnent sens à la naissance d’une chaîne dont l’un des principaux atouts sera la diffusion des épisodes de différentes séries d’animation à J+1 après le Japon (ce qui est aussi la promesse faite par OCS pour sa formule US+24). Il s’agit évidemment ici de répondre à la demande croissante d’immédiateté, et 500 épisodes par an seront diffusés en exclusivité chronologique grâce aux accords passés avec quelques-uns des plus grand groupes de télévision nippons (NHK, TV Tokyo, Nippon TV, YTV, TBS). Autre marqueur fort d’un changement d’époque désormais bien entamé : l’ensemble des programmes sera accessible en linéaire sur téléviseur, PC, smartphone ou tablette mais aussi en vidéo à la demande pendant une semaine après la diffusion. « Pas encore agnostique du support » J-ONE ne sera disponible que chez Numéricâble et CanalSat, dans les bouquets de base. Résolument « hybride », donc, J-ONE se veut aussi communautaire et sociale, avec notamment une application centralisant les discussions sur les différents réseaux à propos des programmes. C’est d’ailleurs entre autres grâce à une application éphémère que J-ONE a commencé à faire sa pub auprès des publics susceptibles d’adhérer à son contenu. Celle-ci avait été lancée à la Japan Expo et a réuni 50 000 utilisateurs qui ont pu, avant même que la chaîne ne voit le jour, bénéficier de deux épisodes par semaine en « simulcast » (J+1 par rapport au Japon, donc, en VOST évidemment).
K Pop en unplugged
Côté musique, pour l'instant, trente minutes de clips par jour sont prévus à l'antenne, sans compter un concert ou une édition Unplugged par mois, dans tous les genres les plus populaires en Asie, à savoir la fameuse K Pop, la K Rock ou encore la J Pop. Bien entendu, la chaîne J-ONE bénéficie de l'accès aux catalogues des antennes locales de MTV au Japon, puisque ces chaînes appartiennent au même groupe. Par ailleurs la chaîne retransmettra les cérémonies organisées dans la région, en particulier, en juin prochain, les Video Music Awards qui se dérouleront au Japon. D'autres événements pourraient suivre mais le groupe ne communique pour l'instant pas dessus. Une grille qui pourrait être amenée à évoluer comme l’a souligné le directeur des programmes, Jean-Marc Dupire, puisque les téléspectateurs auront leur mot à dire.
Pour le reste des programmes, on trouve des longs métrages d’animation inédits en France, un show de téléréalité, de nombreuses séries de japanimation « de catalogue » (plus anciennes, donc, et proposées en version française ainsi qu’en VOD pour une partie d’entre elles sur l’ensemble des saisons précédentes) mais aussi quelques magazines comme le « Tôku Show », le « Nyûsu Show », « Asie insolite », « Asia alarm » ou « Japon investigation » qui aborderont de manière plus large la culture japonaise en particulier et asiatique en général, en France et au Japon. L’offre sera complétée par des « game shows » déjantés dont les japonais ont le secret. Tout cela a évidemment un prix mais Viacom France n’a pas souhaité communiquer sur le budget total de cette nouvelle chaîne, tout juste sait-on que le seul lancement aura coûté la bagatelle de 5,45 millions d’euros…