IA et proprieté intellectuelle : Alexandra Bensamoun estime que le droit actuel s’applique bel et bien à l’IA

Le colloque de l’ALAI sur l’intelligence artificielle a été l’occasion pour le professeur Alexandra Bensamoun de faire le point sur l’évolution du droit de l’IA, en particulier en matière de propriété intellectuelle. Elle estime que les instances normatives doivent laisser le temps au temps pour adapter la loi à l’IA. Si elles ne le faisaient pas, elles risqueraient d’adopter des textes qui ne sont pas pertinents. 

En matière de réflexion sur une régulation de l’intelligence artificielle, Alexandra Bensamoun, professeur de droit à l’Université de Rennes 1, est l’une des seules véritables pionnières, puisqu’elle s’est attelée à ce sujet dès 2019. Sous la houlette du CSPLA, elle a livré, en janvier 2020, un rapport intitulé « Intelligence artificielle et culture », avec sa consœur Joëlle Farchy, de l’Université de Paris 1. Il est donc tout naturel que l’Association Littéraire et Artistique Internationale,…

Séries Mania : la propriété intellectuelle des séries européennes devrait rester en Europe

Le phénomène de délitement des catalogues des producteurs européens, qui perdent de plus en plus souvent la propriété intellectuelle de leurs productions en faveur de plateformes hors UE, inquiètent les professionnels et leurs représentants, qui réfléchissent à des solutions.

Séries Mania, qui se déroule cette semaine à Lille est à la fois un festival grand public et trois journées professionnelles, à l’occasion des quelles de nombreux sujets sont abordés. Responsabilité des créateurs, focus sur Médiawan, Netflix ou encore Paramount, reinvention de la relation auteur/producteur, notamment, ont chacun fait l’objet de panels ou de présentations. L’une des tables rondes les plus attendues par les producteurs était organisée en partenariat avec le CEPI (European Audiovisual Production Association), et portait un titre presque militant : « Défendez la propriété intellectuelle européenne ! ».  Le problème, explique le CEPI, est le suivant : « en raison d’un cadre juridique inadéquat, les œuvres audiovisuelles réalisées en Europe sont qualifiées d’européennes”, indépendamment de la localisation de leur propriété intellectuelle….

La Commission propose de renforcer la propriété intellectuelle européenne

La Commission européenne dresse un portrait sans concession du paysage de la propriété intellectuelle européenne, et propose un plan d’action, qui comprend la mise en place d’un vrai brevet européen au cout de 10 000 euros, ainsi que la mise à jour de la réglementation des dessins et modèles. Au coeur de son plan d’action, l’application des directives droit d’auteur et SatCab II.

La Commission européenne a publié hier son Plan d’action intitulé « Tirer le meilleur parti du potentiel d’innovation de l’UE. Un plan d’action en matière de propriété intellectuelle pour soutenir le redressement et la résilience de l’UE ». Elle constate en introduction que « les industries qui font un usage intensif de la propriété intellectuelle jouent un rôle essentiel dans l’économie de l’UE et offrent des emplois précieux et durables à la société. Les industries à forte intensité de DPI représentent actuellement près de 45% du PIB de l’Europe et contribuent directement à la création de près de 30% de tous les emplois. » Cependant, tout n’est pas rose : le cout de dépôt de brevet, la fragmentation des systèmes nationaux, le manque d’avancées de la propriété intellectuelle dans les PME, notamment, sont autant de nuages qui s’amoncellent pour…

Europe : la propriété intellectuelle est d’or

Une grande partie des arguments des pourfendeurs de la propriété intellectuelle s’effondre avec un nouveau chiffre : il est désormais établi que les entreprises dont le modèle économique est fondé sur la propriété intellectuelle représentent près de 35% de l’emploi dans l’Union Européenne !

C’est le résultat d’une étude approfondie que viennent de réaliser l’Office Européen des Brevets et l’Office de l’Harmonisation dans le marché intérieur : plus d’un tiers…

L’Europe compte sur Donald Trump pour faire avancer la propriété intellectuelle en Chine

La Commission européenne a présenté hier au Parlement son rapport 2020 sur la protection et l’application des droits de propriété intellectuelle dans les pays tiers. Malgré quelques avancées poussives, le retard législatif chinois et leur traitement discriminatoire des sociétés étrangères demeurent, et de loin, la préoccupation numéro 1 des autorités européennes. Paradoxalement, c’est l’accord entre les Etats-Unis et la Chine qui ouvre la voie à une amélioration considérable de la protection des actifs incorporels des sociétés européennes en Chine. 

Peter Kovacs, chef de l’unité Propriété intellectuelle et marchés publics de la DG Commerce de la Commission européenne, a présenté hier à la Commission du commerce international (INTA) du Parlement européen le rapport de ses services sur les droits de propriété intellectuelle dans les pays…

La commission trop seule face aux prix de transfert des GAFA

Utiliser sa propriété intellectuelle pour faire passer la quasi-intégralité de ses bénéfices d’un endroit à un autre afin d’échapper à l’impôt, c’est fini : les prix de transfert utilisés par les GAFA ne sont décidément plus du gout de la Commission européenne ! Après Apple, voici le tour d’un autre des membres des « GAFA » : Amazon va devoir rembourser autour de 250 millions d’euros au Luxembourg, pays où est son siège européen. La Commission, bien seule dans ce combat, vient de décider que l’accord fiscal entre la société et le Grand-Duché – qui permettait le transfert de redevances énormes de l’Europe aux Etats-Unis sur la propriété intellectuelle de la société de Jeff Bezos – était illicite.

Amazon avait mis en place un système de prix de transfert très avantageux à son siège européen du Luxembourg, et ce jusqu’en 2014. Aux termes de ce système, Amazon Europe payait d’énormes sommes à Amazon Etats-Unis, via une holding, pour des licences de propriété intellectuelle liées à l’usage du nom, de la technologie, et des autres produits Amazon. Bien qu’avalisé par le Luxembourg, cet arrangement constitue une aide d’Etat illégale, vient de décider la Commission européenne, car il a permis à Amazon de payer quatre fois moins d’impôts sur les sociétés qu’une entreprise comparable.

Système…

La propriété intellectuelle au coeur de l’annulation de la décision Apple de la Commission

Le Tribunal de l’UE a annulé ce matin la décision de 2016 par laquelle la Commission européenne enjoignait l’Irlande de récupérer 13 milliards d’aides d’Etat à Apple. En cause, le fait que la DG Concurrence n’a pas justifié en quoi les succursales d’Apple en Irlande avaient effectivement contrôlé les licences de propriété intellectuelle du groupe en dehors des Etats-Unis, et ce alors que la Commission a pris en compte les revenus de ces licences pour adopter sa décision.

C’était une décision historique et son annulation ne l’est pas moins : le Tribunal de l’UE a annulé aujourd’hui la décision de la Commission européenne du 30 aout 2016. Par cette décision, la Commission européenne avait considéré que l’Irlande avait appliqué un taux d’imposition avantageux à Apple, et plus particulièrement aux structures Apple Operations International et Apple Operations Europe, et devait récupérer 13 milliards d’euros d’impôts non perçus. En droit européen, l’application de mesures avantageuses à une structure constitue une aide d’Etat interdite. Le Tribunal le confirme d’ailleurs, estimant que le fait que les mesures en question soient fiscales n’empêchait pas par principe à la Commission de les examiner. Mais le Tribunal estime que la décision de la Commission ne justifie pas en quoi les bénéfices faisant l’objet de la mesure en question étaient bien reliés aux filiales irlandaises d’Apple.

Structure d’Apple en Irlande

Dans son jugement,…

La défense d’Apple : « tous nos bénéfices sont américains »

Par le biais de tours de passe-passe et de pressions sur les administrations fiscales nationales, de grandes entreprises siphonnent des dizaines de milliards d’euros chaque année aux citoyens européens pour le bénéfice de leurs actionnaires. Malgré cela, l’optimisation fiscale n’a pas été l’un des grands sujets de la présidentielle française, même si le candidat Emmanuel Macron en a parlé à une ou deux reprises. En attendant une harmonisation fiscale européenne, c’est à la Commission européenne qu’il revient de sévir contre le détournement à outrance de ressources fiscales, notamment dans l’affaire Apple, sur laquelle nous revenons aujourd’hui. Nous verrons que si cette affaire est loin d’être conclue, l’appel de l’Irlande et d’Apple contre la restitution de 13 milliards d’euros par la société de Steve Jobs a peu de chances d’aboutir, tant la décision de la Commission dans cette affaire est classique, et les arguments d’Apple discutables. La société à la Pomme soutient en effet que tous ses bénéfices sont américains même si ses produits sont vendus à des Européens.

Huit mois déjà ont passé depuis la décision choc de la Commission obligeant l’Irlande à récupérer 13 milliards d’euros de la société Apple : il est temps de faire le point sur les arguments des uns et des autres. Entre le recours de l’Irlande en novembre, celui d’Apple en décembre, la visite de Margrethe Vestager en Irlande en janvier, puis la publication – enfin ! – de la décision de la Commission en mars dernier, l’on peut dire que le calme après la tempête de la fin aout 2016 n’est qu’apparent. Et quelle tempête ! Les services de la Commission européenne – déjà décriés outre-Atlantique pour leur décision Microsoft il y a quelques années – ont osé réclamer des milliards à une société américaine. « Protectionisme ! » s’était empressée de s’écrier l’administration Obama. Que nenni, répondait Margrethe Vestager d’une voix assurée : « les règles sur les aides…

Droit d’auteur : vers une ouverture de la directive IPRED

Plutôt que de rouvrir la directive droit d’auteur de 2019 comme le souhaitent certains, il est possible que la Commission européenne propose une modification de la directive relative au respect des droits de propriété intellectuelle « IPRED » de 2004.

Après l’adoption très mouvementée de la directive droit d’auteur de 2019, la législature 2019/2024 des institutions européennes a été plutôt calme en matière de propriété intellectuelle. Les organisateurs d’évènements sportifs ont certes tenté d’obtenir une proposition de texte pour leur permettre de lutter plus efficacement contre le piratage, et ont gagné le soutien du Parlement européen, mais la Commission n’a pas donné suite à leurs demandes. Elle pourrait le faire courant 2025. Au final, la mesure la plus importante…

Jean-Noël Tronc : « La bataille européenne pour l’avenir de la culture et des industries de la création ne fait donc que commencer. »

Jean-Noël Tronc, directeur général de la Sacem, prend position dans le débat européen après la publication du rapport de Julia Reda. Le patron de la plus grosse SPRD mondiale réfute les arguments de l’euro-députée du parti Pirate concernant l’inadaptation supposée du droit d’auteur au numérique, et suggère au contraire une modification de la directive commerce électronique. 

ElectronLibre :  Pensez-vous, comme Fleur Pellerin l’a dit lors de la remise du rapport Sirinelli au CSPLA, que la modification de la directive 2001/29 sur le droit d’auteur n’est pas véritablement nécessaire, ou êtes-vous parmi ceux qui considèrent une « modernisation » de ce texte comme inévitable ?

– Jean-Noël Tronc : Malheureusement, l’alternative ne se présente pas en ces termes. La modification de cette directive n’est pas nécessaire, Fleur Pellerin a absolument raison et nous avons de la chance d’avoir une ministre de la Culture aussi fermement engagée face à l’offensive contre le droit d’auteur engagée à Bruxelles.

Mais en même temps le rapport de force au niveau européen est tellement défavorable qu’il paraît pour l’instant difficile d’éviter une réouverture de ce texte, avec un vrai risque d’effet domino sur tout le cadre européen du droit d’auteur, des droits voisins et de la propriété intellectuelle en général. C’est une perspective d’autant plus inquiétante qu’un tel mouvement, venu de l’Union Européenne, aurait aussi des effets au niveau des législations nationales et dans le reste du monde, où le modèle européen du droit d’auteur est, et reste, la référence.

Cette fois, il n’y a pas de possibilité de veto d’un Etat membre à la différence du dernier combat pour l’exception culturelle, remporté contre la Commission Barroso, en juin 2013, à propos du mandat de négociation d’un traité de libre-échange USA/Europe.

Mais comment percevez-vous le rapport de force à Bruxelles ?

– Le Parlement Européen semble très partagé et beaucoup de députés européens sont apparemment sensibles au discours anti-droit d’auteur. Comment expliquer sinon cette aberration d’avoir confié le bilan de la directive 2001/29 à une députée du parti pirate, notoirement anti-propriété intellectuelle ? C’est le renard à qui on demande un rapport sur la sécurité du poulailler ! Qu’aurait-on dit si un député du parti UK-IP avait été chargé d’un bilan de l’euro ? Et encore, les euro-sceptiques ont fait 25% aux élections européennes, les pirates 0,4%…

De leur côté, les Etats membres sont très divisés. L’idée que la culture est une cause essentielle, qui dépasse largement le seul aspect économique et doit, pour cette raison, être préservée et soutenue, est loin de rassembler tout le monde.

Dès qu’il est question d’internet et de numérique, beaucoup de responsables politiques tombent encore en état de sidération et semblent perdre tout sens critique. C’est un peu la musique que l’on nous joue actuellement à propos du droit d’auteur à Bruxelles, qui serait un « obstacle » à la révolution numérique.

Pour ce qui est de la position des différents Etats de l’Union Européenne, beaucoup de leurs responsables politiques confondent ambition numérique pour une société de l’information plus juste et plus sûre – nous l’avons tous, nous les citoyens de l’Europe – et soumission aux géants de l’internet.

Dans le rapport de force à Bruxelles, le lobby des géants de l’internet reste de loin le plus puissant. Sa pression pour remettre en cause les outils de régulation de la culture, la protection des auteurs, de leurs œuvres et de leur droit à vivre de leur création à travers le droit d’auteur, ne semble pas pour le moment avoir de frein.

Tant à la Commission qu’au Parlement, l’état d’esprit dominant conjugue fascination pour les géants du net, relative indifférence face aux atteintes annoncées au droit d’auteur, sujet jugé secondaire et technique, et large consensus autour de l’idée qu’il faut une remise à plat urgente parce que le droit d’auteur serait devenu un problème, en particulier pour le consommateur.

On a parlé des Etats et du Parlement Européen, mais qu’en est-il de l’équilibre des forces au sein de la Commission Européenne elle-même ?

– A la Commission Européenne, l’équilibre qui avait pu exister jusque- là entre pro et anti droit d’auteur est brisé. Jean-Claude Jüncker a fait du Digital Single Market,  le marché unique numérique, et donc de l’ardente nécessité de « briser les barrières nationales», dont celle du droit d’auteur, selon ses propres termes, l’un des piliers de son programme politique.

La notion même de marché « unique » numérique devrait pourtant prêter à sourire : l’internet ignore les frontières et le consommateur aussi, pour son plus grand bénéfice, même si en tant que contribuable il paie le prix d’un laisser-faire qui permet à certaines grandes entreprises extra-européennes d’ignorer les règles et la fiscalité européennes …

Pourtant, curieusement, le droit d’auteur semble devenu une vraie obsession pour certains représentants européens. Le  Vice-président de la Commission européenne, l’ancien Premier ministre estonien Andrus Ansip, commissaire au marché unique numérique, déclarait ainsi en janvier 2015 : « Il y a trop d’exceptions nationales, de différences et de limitations qui rendent le système non efficient pour un marché paneuropéen. Le droit d’auteur n’est qu’un exemple des restrictions qui freinent le plein développement du marché unique numérique». Pour l’avoir rencontré, il semble vraiment croire qu’il n’y a pas pire obstacle à ses yeux pour l’essor économique de l’Europe que le droit d’auteur !
« le droit d’auteur fonctionne très bien et que jamais le consommateur n’a eu accès à autant d’œuvres culturelles »

 
De fait, tant les Commissaires que la députée européenne du parti pirate, Mme Reda, expliquent que le droit d’auteur freine l’accès aux œuvres dans l’espace…

Margrethe Vestager : « Apple a placé sa propriété intellectuelle en Irlande »

Margrethe Vestager estime que l’argument d’Apple selon lequel la société doit être taxée aux Etats-Unis car c’est là qu’est située sa propriété intellectuelle ne tient pas, car Apple lui-même a transféré sa propriété intellectuelle dans sa structure irlandaise avant de conclure un accord fiscal avec l’Irlande.
Nous avons demandé à Margrethe Vestager ce qu’elle pensait des arguments d’Apple dans l’affaire…

Thomas Livenais, avocat : « les notices adoptées sur base du Règlement sur l’IA conditionneront fortement le degré de transparence des données d’entrainement des IA génératives »

Thomas Livenais est avocat associé du cabinet INLO, dans lequel il suit, entre autres, les dossiers relatifs à la propriété intellectuelle et à l’innovation. Ces derniers temps, l’évolution des outils d’intelligence artificielle ont particulièrement retenu son attention, du fait des multiples questions juridiques qui demeurent en suspend. Il estime notamment que le Règlement européen sur l’IA est une avancée, mais que son utilité pour les ayants-droit dépendra des mesures qui seront prises pour son application. 

En tant qu’avocat spécialisé, observez-vous une augmentation du nombre de litiges impliquant d’une manière ou d’une autre l’intelligence artificielle, notamment en matière de propriété intellectuelle ?

Aux Etats-Unis, on peut citer notamment les affaires emblématiques NY Times contre OpenAI et Microsoft, Sarah Andersen contre Stability AI, Deviant Art et Midjourney ou encore Getty Images contre Stability AI (cette affaire faisant d’ailleurs également l’objet d’une procédure au Royaume-Uni). Le point commun de ces affaires est que les demandeurs reprochent aux IA d’utiliser leurs œuvres pour alimenter leurs modèles sans leur autorisation, et donc sans les rémunérer. En France, les affaires se font plus rares sur le terrain judiciaire. Pour autant la contestation est bien présente et les titulaires de droits de propriété intellectuelle n’entendent pas accorder un blanc-seing à la réutilisation de leurs créations par les IA génératives. En effet, par exemple, la SACEM a exprimé son droit d’opt-out à la fouille de texte et de données pour l’ensemble des œuvres…

Google remporte son procès contre Oracle et consacre le fair use

Au bout de huit ans, Google a gagné contre Oracle. Dans une décision qui met en opposition ayants-droit et consommateurs, la Cour Suprême des Etats-Unis a décidé hier que, sur base du principe de « fair use », Google était libre de recopier et d’utiliser onze mille lignes de code sans demander d’autorisation et sans rémunérer leur ayant-droit. 

La déception d’Oracle est grande. La Cour Suprême des Etats-Unis a décidé hier que les interfaces de programmation d’applications (APIs) étaient bel et bien protégées par le droit de la propriété intellectuelle. La technologie Java possédée par Oracle – et utilisée par Google sans autorisation depuis quinze ans – est donc protégée. Mais le droit américain de la propriété intellectuelle permet – contrairement au droit européen – certaines utilisations de travaux protégés par la propriété intellectuelle sans contrepartie pour leur ayant-droit, par le biais non pas d’une exception particulière, mais du principe général du « fair use » (« utilisation légitime »). Dans la décision publiée hier, le juge suprême a donc également statué sur les conditions de cette utilisation légitime (« fair use »), et décidé que l’usage fait par Google des lignes de code Java appartenant à Oracle constituait un usage légitime. Dès lors, Google était libre de les utiliser sans…

Intelligence artificielle : l’UE avance à tâtons

La discussion des trois futurs rapports parlementaires sur l’intelligence artificielle qui s’est tenue ce matin montre à quel point les évaluations probantes de cet outil en développement font défaut au niveau européen; évaluations qui devraient pourtant être un préalable nécessaire pour légiférer. Seul Stéphane Séjourné, en charge du rapport sur l’IA et la propriété intellectuelle, a fait état de ce manque, et réclamé une évaluation, secteur par secteur, avant toute action.

Après celle sur le futur Digital Services Act de la semaine dernière, la Commission Affaires juridiques (JURI) du Parlement européen tenait ce matin sa première réunion sur son futur paquet de rapports sur l’Intelligence Artificielle (IA). Les rapporteurs ont présenté leurs projets, avec à chaque fois une discussion assez approfondie sur le fond de la part des shadows rapporteurs des autres groupes politiques. Cette bonne organisation de la Commission JURI est louable : les inconvénients de la vidéo-conférence, la traduction dans un nombre de langues limité et les nombreux incidents techniques et de connexion ne facilitent guère le travail des députés européens en cette période de crise sanitaire.

IA : sujet obligatoire

Sur le fond, il demeure particulièrement frappant que l’UE continue d’envisager de réguler de manière assez approfondie un domaine en développement dans lequel elle n’a que peu d’expérience et de connaissances. C’est la Commission européenne qui a donné le « la », en annonçant qu’elle déposerait une proposition sur la régulation européenne de l’IA d’ici au début 2021, en fournissant quelques éléments de réflexion…

REA 2014 – le live du débat sur le domaine public

Le domaine public doit il être la règle ou l’exception ? Doit-il être gratuit ou payant ?

Le débat à débuté avec le discours de Victor Hugo en faveur du domaine public payant.

Gilles Vercken, avocat :

Domaine public pas défini par la loi en matière de propriété intellectuelle, défini seulement pour les domaines de l’Etat.

Certains pensent que la propriété intellectuelle est une exception, d’autres que c’est la règle et le domaine public l’exception

Le problème à résoudre est la tension entre les droits des artistes et de leurs héritiers et le droit d’accès aux œuvres.

Intérêt Adami pour domaine public :

Bruno Boutleux – le domaine public est plutôt attaché au droit d’auteur qu’au droit des artistes interprètes
Mais un droit de propriété à durée limitée est un paradoxe dans tous les cas… Pas de limitation de la propriété sur les choses.

Artiste interprète, protection de 70 ans dans le sonore
Et de 50 ans dans l’audiovisuel

L’Adami…

Droit d’auteur : la loi de 1957 malmenée par l’Europe

La loi de 1957 sur le droit d’auteur est-elle encore pertinente ? Oui, a répondu un parterre de célébrités de la propriété intellectuelle, invités par la Sacem dans le cadre de Sacem Université. Mais l’esprit de cette loi est-il encore respecté ? Dans une large mesure, oui, mais les développements liés pour l’essentiel au droit européen n’engagent pas tous les académiques à l’optimisme.

Sacem Université est « une initiative de Jean-Noël Tronc quand il est arrivé à la Sacem, et qui a été tout de suite soutenue par le Conseil d’administration. Ils trouvaient que nous avions besoin de réinvestir les travaux de réflection et de prospective sur le droit d’auteur, et de nous rapprocher de publics cibles, comme les académiques, les étudiants, mais aussi les professionnels. Nous sommes officiellement nés en 2015, et depuis, nous avons eu d’excellents retours », nous a expliqué Claire Giraudin, de la Sacem, en charge du programme. Dans ce cadre, Claire Giraudin  a organisé – avec la chercheuse Alexandra Bensamoun – le colloque « Bon anniversaire à la loi de 1957 » qui s’est tenu le 6 avril dernier.
Beau texte
Chacun y est allé de son commentaire admiratif, et même affectueux, pour cette loi, « un beau texte », selon Alexandra Bensamoun, « qui maintient un lien indéfectible entre création et progrès », un texte dans lequel, a-t-elle poursuivi « on donne largement à l’auteur, puisque la loi couvre l’ensemble des actes d’exploitation, mais quand on dépouille l’auteur, on le dépouille strictement. »…

UE : début de discussion sur le vide juridique de l’IA en matière culturelle

La présidente de la Commission culture du Parlement européen recommande de ne pas assigner la propriété intellectuelle d’oeuvres réalisées via IA à leurs développeurs, et s’inquiète d’éventuels effets négatifs du vide juridique actuel sur le secteur culturel, notamment en matière de piratage d’oeuvres par des IA.

Le projet d’avis de de la commission culture et éducation (CULT) du Parlement européen sur les droits de propriété intellectuelle pour le développement des technologies liées à l’intelligence artificielle a été publié par Sabine Verheyen, présidente…

Impôts irlandais : l’argumentaire d’Apple

L’argumentaire d’Apple – qui s’est joint à l’appel de l’Irlande contre la décision de la Commission de lui faire rembourser 13 milliards d’euros d’impôts – a été publié hier au Journal Officiel de l’Union Européenne. Apple y fait valoir que le chiffre d’affaire gagné en Europe était taxable seulement aux États-Unis car sa propriété intellectuelle est basée là-bas, et que la filiale irlandaise n’accomplit que des « missions de routine ». Problème : Apple lui-même a reconnu en 2013 ne pas payer d’impôts aux États-Unis sur ces revenus … 

Les arguments qu’Apple a présenté au Tribunal de l’UE sont pour le moins audacieux. La société estime en substance que la Commission a commis une erreur en appliquant l’impôt irlandais de 12,5% à tous les bénéfices basés sur ses revenus européens regroupés en Irlande. La firme à la Pomme considère que ses sociétés irlandaises non résidentes « étaient soumises à l’impôt irlandais sur les sociétés…

Droit d’auteur : La trajectoire esseulée de la Wikimedia Foundation

Selon le juriste en chef de la Wikimedia Foundation – l’opérateur de la plateforme Wikipedia – le but du droit de la propriété intellectuelle n’est pas de mettre en place un sytème bénéficiant aux auteurs d’oeuvres mais garantissant les droits du public. C’est typique de leur manière d’agir : s’appuyer sur un raisonnement dans lequel les auteurs et leur audience sont à l’opposé l’un à l’autre, presque ennemis. Or cette vision antagoniste est rejetée aussi bien par le droit européen que par le droit américain, qui estiment que les utilisateurs d’oeuvres bénéficient forcément d’un niveau de protection élevée des droits des auteurs. 

La Wikimedia Foundation vient donc de sortir du bois avec une énième affirmation au sujet du droit d’auteur : « le but fondamental du droit d’auteur n’est pas de bénéficier aux auteurs » a ainsi déclaré son juriste en chef. Il a ensuite ajouté que le véritable but du droit d’auteur était « de garantir que le public a la possibilité de profiter de nouvelles…

Frédéric Goldsmith « nous attendons avec impatience le plan interministériel annoncé contre le vol de propriété intellectuelle »

Frédéric Goldsmith, Délégué général de l’Association des producteurs de cinéma, figure de l’industrie cinématographique, revient sur la lutte contre le piratage sur Internet. Le gouvernement a dispose de « textes précis » qu’il faut « appliquer », souligne Frédéric Goldsmith. Par ailleurs, le délégué général de l’APC n’est pas contre une ponction sur les finances du CNC pour financer une partie de l’Hadopi, mais si cette argent sert véritablement la lutte contre le piratage, et que ce ne soit pas un prétexte pour vider les caisses du CNC. Enfin, l’APC attend les premiers signes de la rue de Valois concernant le plan anti piratage entre les différents ministères concernés.

ElectronLibre : A Dijon, la ministre Fleur Pellerin a évoqué devant les cinéastes, la mise en place d’une interministérielle entre la Justice et la rue de Valois pour lutter contre le piratage. Avez vous des précisions sur ce projet et son avancement ?

– Nous savons que, comme l’a annoncé Fleur Pellerin, le gouvernement, travaille à un plan associant les principaux ministères en cause (Economie, Justice, Intérieur, auxquels il serait judicieux…

Article 8 de la loi Lemaire : un texte à revoir selon les représentants de la propriété intellectuelle

Matignon a réuni les représentants de la propriété intellectuelle pour une présentation sur le domaine public informationnel. Les représentants des créateurs se sont montrés unis pour dénoncer un texte bancal et aux conséquences dangereuses.

Le bien commun ? L’intérêt commun vu dans une perspective du numérique, de l’échange et de la gratuité, est une nouvelle problématique pour nos gouvernants. Au moment de faire les lois, la question est posée par des acteurs issus de cette nouvelle…

Violation des droits de propriété intellectuelle sur AliExpress : la Commission invite les ayants-droit à la contacter

Avec l’affaire AliExpress, la Commission européenne vient d’ouvrir sa première enquête contre une place de marché dans le cadre du Digital Services Act. Pour plus d’efficacité et de pertinence, elle appelle les parties prenantes à la rescousse, et plus particulièrement les titulaires de droits de propriété intellectuelle. 

Avec son enquête ouverte il y a dix jours contre la place de marché chinoise AliExpress, filiale du groupe Alibaba, la Commission européenne essuie les plâtres. C’est en effet la première fois qu’elle utilise les dispositions du Digital Services Act (DSA) qui règlementent les places de marché. Car le DSA ne s’applique pas qu’aux réseaux sociaux et moteurs de recherche,…

Le procès Hermès contre Rothschild où se joue l’avenir du NFT

Le champ de la propriété intellectuelle s’étend-il à l’univers virtuel ? Le procès Hermès contre Mason Rothschild en cours à New York devrait permettre de trouver un début de réponse, au moins pour les Etats-Unis.

En décembre 2021, le spécialiste de la stratégie marketing Mason Rothschild lançait cent versions différentes du célèbre sac Hermès Birkin sous la forme de jetons non fongibles, ou NFT. Les sacs virtuels, copies du célèbre sac de la maison du 24, Faubourg Saint Honoré mais recouverts de fourrure, se sont vendus presqu’immédiatement pour un montant global avoisinant les 500 000 euros. Nombre de commentateurs pensaient à l’époque qu’il s’agissait d’une collaboration entre entre Hermès et l’entrepreneur. Comme on le sait désormais, il n’en était…

Les arts visuels et l’IA, bataille en perspective !

Préoccupé par l’émergence de plateformes d’intelligence artificielle qui se sont nourries de leurs oeuvres sans demander d’autorisation ni payer de licence, le monde des arts visuels a entamé plusieurs procès. 

Cette semaine, Getty Images a entamé des poursuites judiciaires à Londres contre Stability AI pour non respect de ses droits de propriété intellectuelle. Quelques jours auparavant, les trois artistes visuelles Sarah Ander­sen, Kelly McK­er­nan, and Karla Ortiz avaient annoncé qu’elles ouvraient une action de groupe contre Stability IA, Deviant Art et MidJourney. Ces trois sociétés proposent des IA dont elles affirment qu’elles peuvent transformer du texte en images. Dans leurs poursuites, Getty et les artistes soutiennent que pour ce faire, les trois sociétés exploitent de vraies oeuvres et photographies, ce pourquoi elles n’ont demandé aucune autorisation…

Forum Internet : l’Unesco oublie la culture et fait le jeu des plateformes

A l’heure où des discussions sur la régulation des plateformes en matière de droit d’auteur ont lieu à tous les niveaux politiques à travers le monde, l’Unesco a omis d’inviter les auteurs et leurs représentants à son Forum Internet. Pire, l’organisme culturel publie un document de travail où il soutient le « fair use », doctrine refusée en Europe, et que les plateformes américaines travaillent à imposer au monde entier depuis des années avec la complicité de la Maison Blanche.

Ce n’est pas la première fois qu’une organisation internationale parle de thématiques intéressant les créateurs sans les inviter : ils doivent bien souvent forcer des portes, comme la CISAC l’avait fait pour entrer dans le Comité numérique de l’ONU. Même histoire pour la Société des Auteurs de l’Audiovisuel, dont la directrice a du insister afin de pouvoir participer à une table ronde « le contenu made in Europe dans l’économie numérique » lors d’un grand évènement sur la culture organisé il y a un mois par la présidence autrichienne de l’Union européenne.

Mais la situation du jour est encore plus cocasse…

Projet de loi numérique : la sortie de route d’Axelle Lemaire

La version de travail du projet de loi sur le numérique d’Axelle Lemaire, publiée par nos confrères de Contexte, touche à de nombreux sujets d’une manière qui fera sans doute plaisir à Google, à Wikipédia et à celles des start ups européennes qui croient avec ferveur que leurs intérêts sont alignés avec ceux du grand web américain. C’est sans compter que ces sujets sont soit considérés comme intouchables par la plupart des acteurs concernés du monde de la création – comme l’inaliénabilité du droit moral des auteurs – soit font actuellement l’objet de discussions approfondies et non encore résolues au niveau national et européen : le droit de panorama, la responsabilité des plateformes ou la neutralité du net. Des sujets sur lesquels la secrétaire d’Etat réalise avec ce texte une sortie de route, qui l’isole face à la communication de la rue de Valois, de Matignon et de l’Elysée. Ce qui fait bien entendu le jeu de son supérieur Emmanuel Macron, qui a aussi un texte sur le numérique dans les tuyaux.

« Nous sommes extrêmement surpris que même s’il s’agit d’un avant-projet de loi, il y a là des dispositions qui viennent modifier le Code de la Propriété Littéraire et Artistique, ce qui est normalement du ressort du ministère de la Culture et du CSPLA », explose Hervé Rony, DG de la Société Civile des Auteurs Multimédia (Scam) ! « Nous sommes d’ailleurs en train d’écrire un courrier aux services du Premier Ministre : j’ai toute confiance que le cabinet fera retirer ces dispositions », renchérit Hervé Rony en faisant référence notamment aux parties du texte proposant de permettre qu’un auteur renie son droit moral sur son oeuvre. « Il s’agira aussi ensuite d’aller voir dans le détail, notamment les propositions sur la responsabilité des plateformes, qui font l’objet de reflexions au niveau européen », conclut le bouillant directeur général.

Petite porte du web

Passant par la petite porte, la secrétaire d’Etat chargée du numérique Axelle Lemaire…

Le réseau social Panodyssey promet de respecter la propriété intellectuelle des créateurs

Panodyssey, réseau social littéraire dédié aux créateurs de contenus, annonce la création d’une notice de transparence relative à l’Intelligence artificielle et le propriété intellectuelle dans le cadre d’un programme européenne co-financé par la Commission.

L’idée est de montrer l’exemple aux autres opérateurs d’IA et de plateformes. Panodyssey, le réseau social français dédié aux créateurs de contenu…

DSA et DMA : la Commission se structure pour faire respecter le droit d’auteur

La Commission européenne finalise ses équipes chargées de l’application du DSA et du DMA, avec le recrutement de Marco Giorello pour les problématiques relevant de la propriété intellectuelle. En plus du contrôle de l’application des textes par les plateformes, les équipes de l’exécutif européen sont également chargées de vérifier que les droits nationaux sont conformes au texte : le projet de loi française numérique, en cours d’adoption, est sur…

Le brio d’Apple risque de ne pas suffire

Lors de sa plaidoirie devant le tribunal de l’UE, l’avocat britannique d’Apple a su faire preuve de brio, et s’assurer de bonnes lignes dans la presse internationale, tandis que le défenseur de la Commission a été moins en vue. Mais le talent oratoire ne suffira pas dans cette affaire : la justice européenne a déjà été saisie du même type d’avantage fiscal auparavant, et n’avait trouvé aucune raison d’annuler la décision de la Commission. Si l’UE ne dispose d’aucune compétence – ou presque – en matière fiscale, elle a néanmoins la capacité d’obliger les Etats à appliquer leurs taux d’imposition légaux à toutes les sociétés sans discrimination. 

L’affaire Apple Irlande poursuit son cours, avec hier et aujourd’hui les plaidoiries de la Commission européenne, de l’EFTA et de la Pologne d’un côté, et celles de l’Irlande et d’Apple de l’autre. En cause, le maintien – ou l’annulation – de la décision de la Commission d’aout 2016 imposant à l’Irlande de réclamer le remboursement de 13 milliards…