A la suite de Sony/ATV avec son catalogue et celui d'EMI, qui fut la première major de l'édition à tenter l'aventure avant son rachat, c'est au tour d'Universal Music Publishing, la branche édition d'Universal Music Group, de songer à retirer aux sociétés d'auteurs américaines ASCAP et BMI la gestion collective de ses droits dans le numérique. Ce afin de pouvoir aller négocier en direct avec les plateformes de musique en ligne une meilleure rétribution de ses répertoires. Cette stratégie a plutôt bien réussi à Sony/ATV, qui, libéré de la gestion collective aux États-Unis depuis le 1er janvier dernier, a déjà renégocié en direct avec la radio interactive Pandora un taux de royalties supérieur de 25 % à celui négocié par ASCAP et BMI. Selon Billboard, ce taux serait passé de 4 % à 5 % des revenus générés par Pandora grâce aux répertoires de Sony/ATV et EMI. « Si vous le comparez au taux que les maisons de disques ont obtenu, il est ridicule », a commenté Martin Bandier, le PDG de Sony/ATV. Et de demander : « Comment différenciez-vous la valeur d'une chanson et celle de la performance de l'artiste ? Sont-elles si éloignées pour justifier un tel écart ? » Les producteurs empochent 50 % des revenus de Pandora via l'organisme SoundExchange, contre 4,1 % pour les auteurs et les éditeurs dans le cadre de la gestion collective, soit un rapport de 1 à 12, quand il n'est que de 1 à 5 dans le téléchargement, observe le magazine. Un partage de la valeur que les grands éditeurs espèrent pouvoir renverser en leur faveur, en prenant en otage les plateformes de musique en ligne, qui n'ont pas d'autre choix que de signer. Pandora « ne voulait pas payer plus cher, rapporte Martin Bandier, mais ils ont réalisé qu'entre Sony/ATV et EMI nous représentions un catalogue de 2,5 millions de chansons. » En clair, ou plutôt en langage de cow-boy, c'est « la bourse ou la vie ». Universal Music Publishing s'apprête à entrer dans la danse, BMG Rights l'envisage également par la suite, dans la plus grande absence de transparence sur les taux de rémunération obtenus. Un sacré coup de poignard dans le dos de la gestion collective, et peut-être aussi, dans celui de la concurrence libre et non faussée..