Google fait pression de toutes les manières qu'il peut s'offrir pour éviter d'être condamné pour abus de position dominante par la Commission européenne, et a même demandé à des élus américains dont il a financé la campagne de mettre la main à la pâte. Il n'est pas surprenant que le géant du web ait considérablement augmenté ses dépenses et efforts de lobbying ces derniers mois, tant - comme nous avions été les premiers à le révéler - la communication des griefs de la Commission est presqu'une promesse de condamnation. Google risque donc le tout pour le tout, en prenant aussi le risque de se décrédibiliser. Le Guardian a en effet publié une lettre écrite par l'équivalent américain de la Commission des Lois de l'Assemblée Nationale, qui pourrait bien mettre Google dans l'embarras en Europe. Par ce courrier, envoyé à des euro-députés, les parlementaires américains concernés estiment que les efforts de certains membres du parlement européen pour obtenir une condamnation de Google est une manière "d'encourager des décisions de concurrence qui apparaissent en réalité motivées par des raisons politiques". Une manière donc de dire que ces députés soutiendraient un mauvais travail juridique de la Commission. Cette affirmation est un mauvais procès fait à une communication des griefs qui est en réalité extrêmement bien motivée juridiquement, et factuellement, ce qui explique la panique de Google. Le gros souci pour Google dans cette affaire est que la Commission américaine en question est présidée par un certain Bob Goodlatte, membre républicain de la House of Representatives. Or Bob Goodlatte est la preuve vivante, s'il en était besoin, que Google sait soigner non seulement les Démocrates (une employée de Google a été mise en congé, probablement rémunéré, pour pouvoir rejoindre la campagne d'Hillary Clinton) mais aussi les Républicains, puisque le moteur a financé la campagne électorale du Representative Goodlatte et de certains de ses confrères du Judiciairy Committee à hauteur de plus de 200 000 dollars.