Chronologie des médias : A vendre !

upLa chronologie des médias n'a qu'une seule règle : le prix. Canal Plus paye une place de choix dans ce dispositif, mais il est tout à fait possible de proposer un film plus tôt en y mettant le montant correspondant voulu par le marché.

Aux Etats-Unis les projets proposant de regarder un film le même jour que sa sortie dans les salles se développent. Cette pratique porte le nom de Day And Date, et elle n'est pas nouvelle. Le e-cinéma est une forme aussi de sortie d'un film hors des canons de la fameuse "Chronologie des médias". En France, des projets du même genre existe aussi, et cherchent pour la plupart leur chemin au milieu des ayants-droit, de la réglementation et l'appétit des consommateurs. Si une sortie concomitante pour un film entre la salle et le petit écran peut paraitre antinomique avec le système de la chronologie des médias, en réalité il n'en est rien, car ce dispositif est plus souple qu'il n'y parait, tout est en fait une question de prix, comme souvent lorsque l'on parle d'industrie de la culture.

Screening Room

La Chronologie des médias est à vendre ! Cela ne signifie pas qu'il s'agit là d'un bien sur un marché libre et ouvert, non, le sens de cette formule est à rapprocher de son fonctionnement. Une place sur la chronologie d'exploitation des films se fixe par un prix. Ainsi, en vertu du principe de l'offre et de la demande, rien n'est véritablement impossible à condition d'avoir un accord, et quelques modifications législatives. Aux Etats-Unis, le promoteur de Screening Room, Sean Parker l'a bien compris. Son service, s'il voit le jour, n'est pas construit comme une offre concurrente à la salle car il prend sa place dans la chronologie des médias. Comme il veut être la première fenêtre pour l'exploitation en "vidéo" il propose de la payer le prix fort. A 50 dollars le film, c'est une offre très intéressante faite aux ayants-droit : producteurs notamment. Rien ne dit pourtant qu'elle les convaincra - d'ailleurs les premières voix se sont élevées dans les studios contre ce projet.

En France, Canal Plus arrive en seconde position, derrière la fenêtre "video"/VoD(EST). Pour cela, la chaine verse un gros paquet d'argent aux producteurs et ayants-droit, et assure de plus une large promotion aux films lorsqu'ils sont au programme. Ce prix est supérieur à celui de la fenêtre qui suit, celle des chaines dites gratuites, et enfin encore supérieur aux services de SvoD comme Netflix. Un service qui viendrait en amont de cette chronologie devrait apporter des preuves de sa solidité financière, car il devra être relativement cher pour le consommateur et certainement aussi capable de faire de grosses avances aux ayants-droit avant de se lancer. Cependant, des possibilités existent à la marge. Le Cinéma des Cinéastes, opéré par l'Arp, par exemple, réfléchit à la possibilité de se lancer dans la projection dans sa salle de films disponibles en e-cinéma ! Des start-up françaises réfléchissent aussi sur des dispositifs divers pour enfin casser la rigidité de cette chronologie des médias, qui dans un monde d'offre pléthorique - licite ou non - est devenu une contrainte alors qu'elle avait avant l'internet, tous les atours d'une promesse pour le client.