Helen Smith, Impala : « le débat sur la directive droit d’auteur est instrumentalisé aux fins de créer une fausse division entre créateurs et citoyens »

Posté par Isabelle Szczepanski le 27 août 2018

Helen Smith est la présidente exécutive d’IMPALA, l’organisation représentant les indépendants de la musique au niveau européen. Dans ce cadre, elle travaille sur une variété de sujets allant du financement de la culture, aux programmes culturels européens en passant, bien entendu, par la directive droit d’auteur. Elle nous parle de chacun d’eux en détail. Elle nous confie également les préoccupations d’IMPALA au sujet de la possible acquisition acquisition de EMI Music Publishing par Sony et souhaiterait faire de l’Europe le meilleur endroit au monde pour créer. (Version originale en anglais à lire ici)

ElectronLibre – Les producteurs de musique indépendants et autres sociétés que vous représentez s’inquiètent de l’intention de Sony d’obtenir le contrôle exclusif d’EMI Music Publishing. Pouvez-vous expliquer vos préoccupations ?

Helen Smith – Le marché de la musique est d’ores et déjà très concentré, et le fossé entre opérateurs indépendants et majors est immense. Dans ce contexte, n’importe quelle tentative de consolider le marché davantage provoquera des appréhensions : Sony est l’éditeur de musique le plus important du monde. En acquérant EMI Music Publishing, la société doublerait le nombre de chansons qu’elle possède. En outre, Sony contrôlerait encore davantage de répertoire, car à chaque fois que l’un de ses compositeurs est crédité pour une chanson, le consentement de Sony est requis pour son exploitation. C’est le cas même si une douzaine d’autres compositeurs, hors de Sony, sont impliqués, et même si Sony en tire une infime proportion de revenu. L’UE va donc devoir vérifier l’ampleur du contrôle que Sony, combiné avec EMI MP, aurait sur ce marché. Sony aurait un pouvoir excessif, et ce à travers la chaine de création, vis-à-vis des sociétés de gestion collective, des auteurs et artistes, des revendeurs, et en particulier des acteurs du numérique. Cela signifierait qu’il faudrait négocier avec la société la plus énorme au monde, qui aurait même une position de quasi-monopole dans certains pays.

Dernièrement, Sony a gagné du terrain dans la distribution numérique, cela a renforcé son emprise sur les services numériques. En outre, la société pourrait faire levier à la fois sur ses catalogues de musique enregistrée d’une part, et d’édition, d’autre part, pendant d’éventuelles négociations. Cela donnerait à Sony une influence sur les services numériques bien plus importante que n’importe quel autre opérateur. Du côté des talents, Sony pourrait s’arroger les meilleurs chanteurs, compositeurs et interprètes, aux dépens de ses concurrents. La diversité culturelle et le choix des consommateurs souffriraient également. L’augmentation du pouvoir de marché signifie forcément plus de convergence vers le répertoire anglo-américain, sur lequel Sony a déjà tendance à se concentrer aujourd’hui, et ce au détriment des répertoires régionaux.

 
 » Margrethe Vestager a choisi d’être sévère vis-à-vis de Google et d’autres, afin de conserver un marché numérique concurrentiel. Nous sommes convaincus qu’elle adoptera une position similaire à l’égard de Sony, dont la réputation de tirer un avantage excessif des services numériques le précède  »
Cet été, IMPALA a annoncé avoir envoyé une liste de ses préoccupations à la Commission européenne au sujet de la transaction Sony / EMI MP : avez-vous bon espoir que la Commission y répondra favorablement ?

Oui, car nous pensons que…

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