Après un mois de mai décevant pour la presse quotidienne nationale, le mois de juin ne fait guère mieux en dépit d’une actualité marquée par les législatives.
L’OJD vient de publier les chiffres des ventes pour le mois de juin 2012, globalement en baisse par rapport au mois de mai, où l’élection présidentielle focalisait toutes les attentions. Si l’on compare d’une année sur l’autre en revanche, les résultats sont plus nuancés et réservent quelques surprises.
Les chutes des géants
Les plus grosses ventes reviennent toujours à Aujourd’hui en France, avec ses 172 618 exemplaires écoulés en juin, mais les pieds d’argile du colosse commencent à se craqueler, puisqu’il vendait 171 676 journaux en mai, et 192 483 en juin 2011 ! Une dégringolade à la mesure du géant, donc, qui perd plus de 10% sur un an. De la même manière, Le Parisien, son journal jumeau, se maintient en bon second du classement des ventes en juin avec ses 156 926 numéros achetés en kiosque, un peu moins qu’en mai (157 217) et beaucoup moins qu’en juin 2011 (159 056), une descente plus douce de 1,34%.
Si on pouvait espérer que les législatives permettraient à la presse quotidienne nationale de garder les faveurs des lecteurs après l’élection présidentielle, ce n’est le cas que pour Le Figaro qui reste troisième dans les ventes mais bénéficie probablement de son tout nouveau rôle de journal de l’opposition. En effet, le quotidien enregistre des ventes de 101 245 exemplaires au kiosque, hors abonnés et portage, contre 98 277 le mois précédent et 98 307 à la même période l’an passé. Il est donc le seul à tirer son épingle du jeu dans les ventes papier, au milieu d’un secteur en plein naufrage.
La politique à la peine
Coup dur pour Le Monde qui avait connu une embellie au mois de mai avec plus de 100 000 exemplaires vendus, ce qui représentait une très nette amélioration par rapport au mois de juin 2011 (88 943). Les ventes sont à la peine pour le mois de juin2012, avec 93 131 journaux écoulés dans les kiosques. Certes, cela représente un mieux de 4,71% par rapport à la même période l’an passé, mais le quotidien n’est pas parvenu à maintenir son audience après la présidentielle. Et cela malgré une qualité constante du traitement de l’actualité pendant et après l’élection. On peut sans doute pointer un certain conservatisme de la part du journal du soir, avec une formule qui ressemble de plus en plus à une belle endormie. Le retour de la rumeur d’un passage à une diffusion le matin pourrait bien réveiller tout ça ! Sacré meilleur quotidien et "Grand prix des médias" pour l’année 2012 par le magazine CB News, Libération n’en garde pas moins sa place d’avant dernier de notre classement OJD des meilleures ventes de la presse quotidienne nationale. Si l’on peut supposer que Le Figaro bénéficie de son rôle de média d’opinion de l’opposition au lendemain de l’élection de François Hollande, on peut difficilement supposer que Libération pâtit de son passage dans la majorité. Car si le quotidien n’enregistre qu’une légère baisse par rapport à juin 2011 avec 53 099 exemplaires vendus contre 54 772, il peine à maintenir le très beau score réalisé en mai avec ses 65 361 journaux écoulés. Les Echos, moins tributaires de l’actualité politique que les trois quotidiens ci-dessus s’en tirent plutôt bien, surtout si l’on compare avec les chiffres peu reluisants de l’an passé. 23 331 exemplaires ont été vendus en juin 2012, contre seulement 21 384 à la même période l’année dernière, ce qui permet au quotidien économique de décrocher la médaille d’or de la meilleure progression d’un an sur l’autre, avec une hausse des ventes de 9,10%.