Vers un redressement judiciaire pour Presstalis

Le 28 septembre prochain, Presstalis sera fixé sur son sort lors d'une audience du tribunal de commerce. Il manque 200 millions d'euros pour une restructuration. Matignon est en première ligne.

Tout est mis en oeuvre pour éviter cette issue. Le 28 septembre prochain, soit en fin de semaine prochaine, Presstalis sera fixé sur son sort lors d'une audience devant le tribunal de commerce. Matignon s'est saisi de l'affaire, qui relève de la plus haute importance, puisqu'il s'agit de sauver un système qui assure la distribution de la presse quotidienne, vecteur essentiel de la liberté d'expression et de l'information.
La situation est à la fois complexe et désespérante. Presstalis n'a plus d'argent. Avant l'été, la société attendait déjà une aide de l'Etat qui n'est pas arrivée. Depuis, une double négociation s'est enclenchée entre d'un côté les éditeurs et l'Etat, et de l'autre Presstalis et le syndicat du Livre CGT. L'objectif est de dégager un terrain d'entente pour que le départ des ouvriers du Livre se passe dans les meilleures conditions possibles, mais dans les limites financières acceptables pour les éditeurs et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
Pour sauver momentanément Presstalis, et permettre aux salariés de partir - environ 50% des effectifs -, il faudrait mettre 200 millions d'euros sur la table. Une somme qui serait répartie entre les éditeurs et l'Etat. Ce dernier ne s'est pas encore avancé sur la part qui lui reviendrait, d'autant que la partie à jouer est à tiroirs multiples. En effet, si Presstalis, les éditeurs et l'Etat s'entendent sur une enveloppe, rien ne garantie que les syndicats seront d'accords de leur côté. L'argent investi serait alors considéré comme insuffisant par le Livre, qui demanderait plus pour avaliser les départs de ses membres. Un investissement risqué pour les éditeurs, mais aussi pour l'Etat.

administrateur judiciaire

Devant ce dilemme, Presstalis se veut rassurant. La société veut laisser entendre à l'Etat que la situation est sous-contrôle et que les ouvriers du Livre sont disposés à faire ce sacrifice. Ce qui n'est pas évident, puisque avec 150 millions d'euros, qui est le montant actuellement discuté, ou même 200 millions - qui représente un comptage réel des besoins -, les conditions de départ des salariés de Presstalis seraient moins avantageuses que celles qui ont déjà été proposées, ces deux dernières années. La révolte gronde dans les rangs des ouvriers du Livre, qui pourraient tout à fait décider de mener des actions coup de poing sur la distribution des journaux, ce qui serait dommageable pour les kiosquiers comme pour les journaux.
Les éditeurs sont inquiets, et les discussions qui auront lieu ce week-end devraient déterminer une bonne partie du scénario qui va se dérouler cette semaine, jusqu'à la date fatidique du 28. La nomination d'un administrateur judiciaire, et le placement de Presstalis redressement ne serait pas une bonne nouvelle. Cela ne ferait que durcir les conditions de la négociations pour la restructuration de la société de distribution, et amplifierait le risque d'une grève sauvage des ouvriers du Livre.
Pour le gouvernement aussi cette issue ne serait pas acceptable. Pour l'éviter, le gouvernement Ayrault devra sortir le portefeuille. Un chèque d'une dizaine de millions d'euros pour la distribution de la presse, et plus exactement pour acquitter le départ des ouvriers du Livre pourrait avoir un effet boule de neige, sur les autres points chauds de la distribution de la presse en région parisienne. Enfin les messageries lyonnaises de presse sont à l'affut. Les MLP essaient de gagner du temps, délivrant des messages contradictoires. Une chute de Presstalis leur donnerait l'occasion de reprendre à moindre frais l'activité de son concurrent.

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