Aurélie Filippetti perd ses dossiers les uns après les autres – Gratuit

La mission Lescure commence ses auditions. Aurélie Filippetti a perdu la confiance des professionnels de la culture et le dossier TST. Le doute s'installe au gouvernement.

Depuis sa nomination à la rue de Valois, Aurélie Filippetti est sous le feu des critiques. Les plus virulentes viennent des représentants des entrepreneurs de la culture. Quelques uns osent manifester publiquement leur soutien, comme la SAMUP ou la Spedidam, et sans leur faire offense, ces deux organisations très liées à la CGT spectacle ne pèsent pas, ou peu. Aurélie Filippetti contre les lobbys de la culture cela pourrait être une ligne politique solitaire, voire un beau défi, un tremplin pour tout dire, mais hélas pour la ministre il n'en est rien. Les uns après les autres, les dossiers chauds du moment sont retirés des mains du cabinet, preuve qu'une défiance s'est installée entre la rue de Valois et le gouvernement.
Bien sur, Aurélie Filippetti est utile à Jean-Marc Ayrault. La ministre jouit d'une certaine popularité, et elle fut aux côtés du candidat Hollande durant toute la campagne. Ce rôle d'apparat n'est cependant pas suffisant dans un ministère qui a perdu depuis bien longtemps son dynamisme et son impulsion après des années de marasmes passées avec des ministres aussi inconsistants, comme Christine Albanel ou dernièrement le fantomatique Frédéric Mitterrand.

La TST chez Pellerin

Depuis quelques semaines, une réorganisation de l'action gouvernementale a été mise en oeuvre. La presse ? Aurélie Filippetti ne les voit qu'épisodiquement, le dossier Presstalis est traité directement par Matignon, sondages obligent, certainement... Les relations compliquées avec Bruxelles ? La taxe sur les télécoms, par exemple, vient de basculer pour la dernière ligne droite au ministère de l'économie numérique de Fleur Pellerin. Faut-il en déduire que la visite d'Aurélie Filippetti aux commissaires de la concurrence pour défendre la TST, la manne financière du Centre national du cinéma, n'a pas eu les effets escomptés ? Ce qui est sûr, c'est que comme nous le révélait Eric Garandeau, la discussion avec Bruxelles se poursuit pour un mois supplémentaire après l'intervention du premier ministre Jean-Marc Ayrault auprès de José Manuel Barroso. Ne jetons pas la pierre à la ministre de la Culture, car finalement, il est aussi dans l'ordre des choses que Fleur Pellerin, qui a le dossier télécoms, s'engage dans cette procédure.

Poncifs

Reste la mission Lescure... Et justement, celle-ci qui vient de se révéler un peu plus lors d'une conférence de presse ce matin demeure un phénomène proche du paranormal. Cette mission Acte II de l'exception culturelle pourrait très bien aussi s'appeler "retour vers le futur de l'internet et de la création", tant son déroulé et le fond annoncé ressemblent à celle menée par Patrick Zelnik il y a quatre ans déjà. Le discours est le même, la langue chargée des poncifs entendus depuis des années dès qu'un politique s'approche du gouffre. L'effroi le saisit ! Aurélie Filippetti n'échappe pas à la règle, et de jeter pèle mêle aux journalistes réunis des concepts aussi pertinents que "le développement de l'offre légale meilleure arme contre la contrefaçon", ou "encore qu'il faut cesser de monter les internautes contre les artistes", etc. Cela dit, la ministre n'a pas pipé mot sur l'Hadopi. De sources gouvernementales, elle aurait été "recadrée" dernièrement après les réactions de colère que sa décision de stopper le CNM avait provoqué.

Dernière séance

Les auditions de la mission commencent dès maintenant. Elles vont durer trois mois. Elle pourra alors travailler sur ses conclusions et préconisations. Il est plus que probable que la "gestion collective" fasse son retour, ou encore qu'une sorte de licence globale soit instaurée sur les films de catalogue qui ne rapportent plus d'argent à personne. Juste retour des choses pour des oeuvres qui ne sont plus commercialisées depuis la déprogrammation de la "Dernière séance". Enfin, Pierre Lescure s'est lui mouillé concernant le destin d'Hadopi. L'ancien patron de Canal Plus, qui a montré lors de cette conférence une vraie pugnacité sur ces sujets, s'est déclaré favorable à une "sanction" mais cela en tout dernier lieu : "Il ne faut pas inverser les facteurs, en premier il s'agit de réfléchir sur les freins à l'offre légale". L'Hadopi est donc de moins en moins menacée : "Je ne saurais pas dire si le vocable sera changé", a fait remarquer le missioné.

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