Cyber-criminalité : Manuel Valls sort les flingues de concours !

Tolérance zéro, même sur la toile. De passage hier à Bruxelles, Manuel Valls requiert le soutien de Bruxelles pour lutter plus efficacement contre le cyberterrorisme. Une intervention qui réveille une impression de déjà vu.

Contrôler Internet pour le bien des citoyens... Cette hydre aux multiples têtes a ressurgi hier au Conseil de l'Europe. Manuel Valls, Ministre de l'Intérieur français, s'est adressé à ses partenaires européens; la lutte contre la propagation des idées extrémistes et terroristes a servi de prétexte à un serrage de vis sécuritaire à venir. Selon le locataire de la place Beauvau, l'Europe doit faire face actuellement "à une menace lourde avec la radicalisation d'individus déterminés à nuire". Manuel Valls regrette que le web soit "devenu un vecteur pour la propagation de messages et d'appels".
Cow Boy Valls regrette que le web soit "devenu un vecteur pour la propagation de messages et d'appels". Mais qu'à cela ne tienne, le ministre sort les flingues de concours contre la menace terroriste 2.0. Il demande donc à ses partenaire européens de "convaincre" tous les continents d'agir pour mettre un terme à l'impunité de certains acteurs d'internet. Pour le Ministre de l'Intérieur la situation est simple : "l'internet ne peut plus être ce lieu privilégié pour l'échange d'informations, de formations et de techniques" pour des individus "déterminés à nuire". Il y a quelques semaines déjà, le ministre avait annoncé son souhait de voir mettre en place des "blocages actifs" sur la toile, sans plus de précision. Une telle mesure implique pour le moins une collaboration intense avec les FAI (Fournisseurs d'Accès Internet). Pour couper le mal à la racine, "l'action doit impliquer les hébergeurs et les fournisseurs d'accès" affirme Manuel Valls.

Twitter obtempère

Vouloir contrôler le web. Voilà une obsession sécuritaire que l'actuel Ministre de l'Intérieur partage avec l'ancien gouvernement. Dès 2008, le député Frédéric Lefevre (proche de Nicolas Sarkozy) avait défendu ce principe devant l'Assemblée Nationale, dépeignant Internet comme un repaire de "psychopathes, des violeurs, des racistes et des voleurs. (...) L'absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes !". Il était alors question de jeunes filles violées et d'enfants abusés et déjà, l'ancien gouvernement réclamait une action internationale : "il est temps que se réunisse un G20 du net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde" déclarait alors Frédéric Lefevre. En octobre 2010, l'ancien Président Nicolas Sarkozy affirmait lors d'une visite au Vatican que la régulation du net était un "impératif moral", afin d'en corriger "les excès et les dérives qui naissent de l'absence totale de règles". De la droite à la gauche, les nuances sont subtiles, mais il s'agit bien du même combat. La régulation d'internet avait été choisie comme thème du G8 de 2011. Seule différence en 2013, ce ne sont plus la pédopornographie ou les jeux illégaux qui servent de justificatif à cette poussée d'autoritarisme.

Pour convaincre ses homologues européens, Manuel Valls met en avant la jurisprudence française qui "a ainsi contraint la plateforme de micro-blogging Twitter à communiquer les données permettant d'identifier les auteurs de propos racistes et antisémites". Pour mémoire, le 23 octobre 2012, l'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) avait exigé de Twitter le retrait de certains tweets offensants, référencés sous le hashtag #unbonjuif. Par souci d'apaisement, Twitter avait obtempéré. Mais sans doute encouragée par le confortable anonymat du net, la déferlante ne s'était pas calmée pour autant, avec l'apparition du mot-clef #unjuifmort. L'UEJF avait alors saisi la justice française pour qu'elle mette fin à ces messages "manifestements illicites" au regard du droit français, "violemment antisémites, contraires à l’ordre public". Le réseau social semblait s'être fait une spécialité des messages haineux de toutes sortes, avec les tristements célèbres #simonfilsestgay ou #simafillerameneunnoir. Rejointe par le MRAP, SOS Racisme et la Licra, l'UEJF a obtenu gain de cause jeudi dernier. Le tribunal de grande instance de Paris a condamné Twitter à communiquer les adresses IP des twittos indélicats. A charge maintenant pour l'association de poursuivre les contrevenants en justice.

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