La radio à papa est définitivement enterrée, et de ses cendres surgit le phœnix des contenus enrichis, où les sons de l’antenne le disputent aux datas, vidéos ou sites interactifs. C’est notamment le cas chez Radio France, qui travaille depuis 2 ans à la refonte et l’évolution de ses offres.
Mercredi soir, Radio France lançait un des derniers nés de ses projets multimédias pour le compte du Mouv’ : CO3, un site interactif créé par trois journalistes scientifiques (et leur chat Nonno, qui a d’ailleurs des comptes Twitter et Instagram rien qu’à lui). On entre dans l’appartement de ces colocataires fictifs et on peut découvrir, au gré de la navigation dans leurs chambres, le salon ou la salle de bain, des morceaux de sons imbriqués dans leur quotidien sur des questions aussi essentielles que la possibilité de mourir d’insomnie, « la vengeance du cérumen » ou la vision nocturne du susnommé Nonno. Ces explications express, nommés « électrons libres » sont diffusées uniquement sur le web, tandis que les dossiers thématiques plus touffus, sur les addictions, le sommeil, le sexe, l’alimentation ou le cerveau par exemple seront également diffusés pendant l'émission "Pop Corn" du Mouv'. Une mise à disposition progressive est prévue, afin d’inciter à revenir régulièrement dans l’appartement pour y découvrir de nouveaux « électrons libres ». Ce projet illustre l’une des ambitions de la maison-mère : la production de contenus originaux sur le web, qu’ils soient repris à l’antenne en intégralité, en partie ou pas du tout.
Sites autonomes et marque sur le web
Dans la même veine, mais du côté de France Bleu cette fois, le site « Ma Madeleine de Proust », qui recense les souvenir gustatifs émus de personnalités, mais propose aussi aux internautes de livrer la recette de leur propre « madeleine ». Il y a aussi eu, en partenariat avec Arte et sous la houlette de France Culture un « web dog », site interactif proposant de se balader la truffe au vent et à niveau des mollets des passants, dans la peau d’un labrador ou d’un teckel mais aussi de découvrir des portraits croisés de canidés et de leurs humains attitrés. Deux projets qui sont restés sur le web, complètement en dehors de l’antenne. Dans les prochains mois, deux autres gros projets devraient voir le jour, le premier autour du « Jeu des 1000 euros », où ses deux animateurs offriront une traversée de la France en photo, puis un autre sur le thème du Tour de France, qui exploitera judicieusement les archives de Radio France pour livrer les remarques, souvent d’ordre météorologique plus que sportives, des spectateurs en bord de route, une sorte de voyage dans le temps, donc. On le voit, il s’agit à chaque fois de proposer des contenus qui collent à la ligne éditoriale de la chaîne qui le chapeaute, et donc d’étendre la portée de la marque au-delà des seules ondes, d’autant qu’une partie au moins de ces sites n’est absolument pas transposable à la radio.
Enrichir les programmes (donc les équipes)
Mais en dehors de ces sites quasiment autonomes, l’autre axe de travail de l’équipe des nouveaux médias de Radio France (qui est tout de même passée de 70 personnes fin 2011 à 140 d’ici la fin 2013) est d’enrichir les contenus proposés à l’antenne. Cela passe donc par la radio filmée, par exemple, qui se généralise de plus en plus, mais aussi par les textes qui accompagnent, approfondissent ou retranscrivent simplement les extraits sonores mis en ligne. Pour les stations centrées sur l’information, il peut également s’agir de proposer des cartographies ou des data visualisations, des textes ou des liens qui permettent d’aller plus loin par rapport aux reportages radios, souvent assez courts. Dans cette politique de diffusion et d’enrichissement des antennes, on retrouve aussi les podcasts ou applications mobiles.
Il faut dire, et Joël Ronez, patron des nouveaux médias chez Radio France ne cesse de le répéter, que les mobiles sont parmi les premiers supports d’écoute et permettent une vraie personnalisation. Et ce sont 12% des auditeurs en moyenne un jour de semaine qui passent par un support numérique, qu’il s’agisse d’un smartphone, d’un ordinateur, ou même d’une smart TV. Et il faut croire que les efforts déployés fonctionnent plutôt bien, puisque l’audience de l’ensemble des sites de Radio France est passée de 2 millions de visiteurs uniques en 2011 à 3,2 à l’heure actuelle, avec un objectif à 4 millions en fin d’année. Et pour cela pas de secrets : une équipe qui a doublé, donc, mais aussi un budget qui permet de réaliser des projets ambitieux, puisqu’il est passé de 4,3 millions en 2011 à quelque 6,5 millions dédiés aux nouveaux médias chez Radio France en 2013.
Dernier volet de cette stratégie pour capter et fidéliser de nouvelles audiences, la création de sites dits satellites, comme celui intitulé NouvOson, et qui propose l’écoute en son 5.1 de programmes issus de toutes les chaînes du groupe, qu’il s’agisse de musique, évidemment, ou de documentaire, de reportage etc. D’ici octobre, un site musique sera également lancé mais pour l’instant Radio France laisse planer le mystère quant au fonctionnement et au contenu de celui-ci, tout juste sait-on qu’on pourra y écouter… de la musique.