La stratégie politique vaut ce qu'elle vaut... La ministre Aurélie Filippetti sait que l'argent engrangé par le centre national du cinéma fait des envieux. La musique aimerait en prendre une partie pour alimenter un centre national de la musique ressuscité, et Bercy, plus sérieusement, veut aussi en découper une bonne part pour les finances de l'Etat. Face à ce double risque, la ministre a choisi l'offensive. Interrogée sur France Culture elle contre attaque: "moi, je demande de la cohérence. Je demande qu'on arrête de dire que le CNC a trop d'argent, c'est faux". "le CNC n'est pas une vache à lait", a lancé Aurélie Filippetti, après avoir tancé Bercy "c'est Bercy et la Cour des comptes qui ont réclamé que les opérateurs de l'Etat, dont le CNC, mettent en place ce qu'on appelle des règles prudentielles, c'est-à-dire en gros qu'ils constituent des réserves pour pouvoir assurer leur fonctionnement. Bercy est représenté au sein des instances du CA du CNC. Bercy a voté ces mécanismes et aujourd'hui Bercy vient nous dire que le CNC a trop de réserves !" La ministre est bien consciente qu'elle devra lutter pied à pied contre Bercy, mais elle sait aussi qu'elle peut compter sur l'appui à l'Elysée de David Kessler dans cette affaire. Cependant, les ressources de plus en plus conséquences du CNC et les piètres performances des films français ces derniers mois ne sont pas de bonne augure pour les intérêts des cinéastes. En terme de rentabilité, les députés n'auront que l'embarras du choix pour vilipender une mécanique de financement certes richement dotée, mais très loin d'avoir une efficacité comparable dans les salles obscures.