Alors qu’elle présentait lundi soir des résultats record pour le trimestre fiscal écoulé, la compagnie à la pomme a malgré tout déçu les investisseurs qui la punissent en Bourse. Il semble qu’à l’impossible seul Apple soit tenu.
Lundi soir, la compagnie de Tim Cook présentait ses résultats pour le premier trimestre fiscal 2014, courant d’octobre à janvier et incluant donc les fêtes de fin d’année, période phare pour les achats de produits high tech. Des résultats qui ne souffrent que de quelques points noirs et s’inscrivent tout en haut de la fourchette prévisionnelle fournie par Apple, tout en dépassant les prédictions de bon nombre d’analystes.
(Presque) toutes les ventes en hausse
Il s’est ainsi vendu sur cette période 51 millions d’iPhones (4s, 5c et 5s confondus), alors que le précédent record, sur la même période l’an passé, était de 47,8 millions d’unités écoulées. C’est certes moins que les 55 millions attendus grâce au lancement double du 5s et du 5c quelques mois plus tôt, mais le remplaçant de Steve Jobs l’explique par un approvisionnement insuffisant pour les smartphones les plus haut de gamme. Du côté des tablettes aussi la firme de Cupertino se surpasse en écoulant 26 millions d’iPad là où « seules » 22,9 millions d’ardoises avaient trouvé preneur il y a un an. Même les ordinateurs de la marque sont partis à 4,8 millions d’exemplaires contre 4,1 millions un an plus tôt. Les iPods en revanche voient leurs ventes dégringoler de manière spectaculaire quoiqu’entièrement prévisible, puisqu’il s’en est vendu quelque 6 millions contre 12,7 millions pour le premier trimestre fiscal de 2013. On sait par ailleurs que 2 milliards de dollars ont été redistribués aux développeurs d’applications, soit entre 3 et quatre fois plus qu’à la même période l’an passé, ce qui s’explique en partie par leur multiplication mais aussi par le succès des applications proposant des achats in-app (celles-ci représenteraient 92% des revenus de l’App Store).
Prévisions mitigées
Au global, Apple affiche pour ce trimestre un chiffre d’affaires de 57,59 milliards de dollars (en hausse de 5% par rapport à l’an passé) mais un profit net en léger recul à 13,07 milliards contre 13,08 milliards en 2013. Pour les trois prochains mois, la compagnie à la pomme se montre moins optimiste et pour cause, ils représentent traditionnellement un passage à vide ou en tout cas un ralentissement pour le secteur après les dépenses massives des fêtes de fin d’année. La firme de Cupertino mise ainsi sur un chiffre d’affaires entre 42 et 44 milliards de dollars, là où, à la même période il y a un an, elle enregistrait 43,6 milliards de revenus. Il n’en faudra pas plus pour que les analystes boudent le titre, pointant du doigt le fait que si Apple ne dépasse pas le milieu de cette fourchette, la compagnie aurait, pour la première fois de son histoire, des revenus en baisse d’une année sur l’autre. Des doutes apparemment suffisants pour que le titre plonge de plus de 5% en Bourse dans les échanges « after hours » lundi soir, et se réveille avec la gueule de bois et une baisse de plus de 7% !
Croissances nouvelles aux USA
Mais l’apparente inquiétude des boursicoteurs comme de certains actionnaires, à l’image de Carl Icahn, pourrait être prématurée si l’on en croit Tim Cook, forcément rassurant, qui a promis des mises à jour sur les produits actuels ainsi que l’arrivée de nouveaux biens et services. Nous en parlions hier, il semble qu’Apple se prépare à se renforcer dans le domaine du commerce mobile, ce qui pourrait endiguer sa chute de revenus aux Etats-Unis. En effet, la hausse de 76% du chiffre d’affaires généré par l’Amérique Latine n’aura pas suffi à compenser la saturation de sa voisine du Nord, ce qui résulte en une baisse d’1% sur l’ensemble des deux continents. Il faut dire que sur les trois derniers mois de 2013, la part de marché de la firme à la pomme pour ce qui est des smartphones aux USA a chuté de près de 6% par rapport à l’année précédente pour atteindre 43,9%, tandis que les terminaux Android grimpaient de 4,4% pour devenir majoritaires à 50,6% de part de marché. Cela étant, Apple continue de dominer très largement le secteur des tablettes outre Atlantique puisqu’il détient 78% du marché.
Vers l’international
Mais on aurait tort de ne se tourner que vers le pays d’origine d’Apple pour y voir de nouvelles sources de revenus. Sur le trimestre écoulé, 64% du chiffre d’affaires est en effet issu de l’international, avec des hausses de 5% en Europe, de 11% au Japon (notamment grâce à l’accord de portage avec NTT Docomo récemment signé) de 29% en Chine (idem il faut y voir le début d’effet du deal passé avec China Mobile), de 65% sur le Moyen Orient et l’Afrique ou encore de 115% en Europe centrale et de l’Est. On note cependant que la région Asie Pacifique (hors Chine et Japon, donc) récolte 9% de moins qu’il y a un an. Reste que les chiffres en provenance de l’Empire du Milieu (8,8 milliards de revenus glanés en trois mois) devraient continuer de gonfler puisque les iPhones ne sont pour l’instant distribués que dans 16 villes et devraient, d’ici fin 2014, arriver dans 300 cités chinoises. Au Japon, où Apple détient déjà 69% du marché des smartphones, les 5 milliards de chiffre d’affaires enregistrés ce trimestre pourraient également continuer de grimper avec le déploiement de l’offre de l’opérateur numéro un du pays.
Alors oui, il y a des raisons de penser qu’Apple peut encore générer non seulement des revenus et des profits mais aussi de la croissance, mais il est vrai que les regards semblent braqués sur Tim Cook en attendant ce que beaucoup appellent le « Next Big Thing », une innovation qui remiserait les smartphones et tablettes au rang de simples objets usuels tout en créant de nouveaux usages... Et il est peu probable qu'une éventuelle phtablette fasse l'affaire. Les observateurs ont perdu un peu espoir dans l'arrivée d'un AppleTV, et pour le moment un bracelet de type iWatch serait attendu. Ou alors Tim Cook a-t-il les moyens de faire comme son illustre prédécesseur et sortir du chapeau Apple un objet totalement inattendu... Patience, l'intéressé a prévenu : c'est pour 2014.