Avec 88 millions d'utilisateurs dans le monde, qui viennent identifier des chansons diffusées à la radio, à la télévision ou en boîte de nuit quelques 500 millions de fois par mois, le service de reconnaissance musicale Shazam, qui génère 300 millions de dollars d'achat impulsif sur les plateformes de téléchargement de musique chaque année, dispose d'un pool de données sur les goûts du public qui vaut de l'or. La maison de disques Warner Music espère bien en tirer parti, grâce à une accord signé avec la compagnie, qui va lui donner accès à ces données et lui permettre de repérer de futur hits potentiels ou des artistes émergents susceptibles de rencontrer le succès. « Il y a tellement d'informations que nous n'avons jamais eu auparavant en tant qu'industrie, et Shazam est à la pointe de tout cela », justifie Rob Wiesenthal, le directeur opérationnel de la major. Les artistes repérés seront signés par Warner Music et marquetés avec l'aide de Shazam. Selon Rich Riley, PDG de Shazam, les gros hits ne représentent qu'une proportion relativement faible des titres tagués, l'application étant plus souvent utilisée pour identifier des chansons d'artistes non signés, ce qui intéresse au premier chef Warner Music. Les big data font figure de nouvelle mine d'or pour l'industrie musicale, comme en témoigne également l'accord conclu avec Twitter par la nouvelle agence artistique 300 lancée par Lyor Cohen, ex-exécutif de Warner Music. Mais pour Jim Lucchese, PDG du moteur de recommandation The Echo Nest, qui commente l'accord passé entre Warner et Shazam dans le New York Times, le challenge n'est pas tant d'avoir accès à toutes ces informations que de posséder l'expertise permettant de les interpréter. « L'énorme quantité de données disponibles est incroyablement excitante, déclare t-il, mais la réalité, c'est qu'il y a pénurie de personnes vraiment capables d'en tirer des enseignements ».
