Ce n'est pas une surprise : après avoir été maire de New York pendant 12 ans, Michaël Bloomberg reprend la tête de son empire médiatique, qu'il a réussi à conserver dans son giron personnel, notamment parce qu'il n'a pas dépendu d'investisseurs pour le développer.
Depuis qu'il avait quitté le poste de maire il y a huit mois, il avait nié vouloir récupérer le poste de PDG de Bloomberg, mais avait passé tellement de temps aux bureaux du groupe que ses dénégations n'avaient pas vraiment convaincu. L'une des grandes réussites médiatiques des quarante dernières années, le spécialiste de l'information financière et économique Bloomberg LP appartient encore à Michaël Bloomberg à 88 % : il peut donc faire ce qu'il veut.
Acceptable in the eighties
En 1981, Michaël Bloomberg a créé son média, et développé le fameux terminal qui livre ses informations et permet de faire du trading, avec ses propres deniers, après avoir quitté la banque Salomon Brothers pour laquelle il travaillait alors, qui avait refusé qu'il développe cet outil en interne... et lui avait donné 10 millions de dollars pour partir. L'on peut dire que le nouveau propriétaire de Salomon Brothers, Phibro Corporation, s'en est bien mordu les doigts : une fois le terminal Bloomberg sorti, ses concurrents, et en tout premier lieu Merrill Lynch, ont bénéficié de ses services avant-gardistes pour leurs traders, alors qu'eux travaillaient encore avec des bases de données papier.
Pas besoin d'investisseurs... et heureusement !
L'on peut affirmer aujourd'hui que l'un des immenses avantages de Bloomberg a été de ne pas avoir besoin d'investisseurs pour mettre au point son idée, qui n'aurait probablement pas vu le jour s'il avait du faire appel à des capital-risqueurs ou à des banques. Entre 1981 et 1983, et alors qu'il n'avait encore aucun client potentiel, il y a consacré environ 4 millions de dollars de son indemnité de licenciement, et s'est entouré des meilleurs pour développer le terminal Bloomberg. En 1983, il a obtenu de Merrill Lynch qu'ils investissent dans l'entreprise, et qu'ils prennent une vingtaine de terminaux à l'essai pendant un mois, service que la banque n'aurait pas payé si les terminaux ne satisfaisaient pas ses traders. Quelques jours après leur installation, Merrill Lynch réclamait des terminaux pour tous ses traders... And the rest is history.
Michaël Bloomberg a aujourd'hui une fortune estimée à 34 milliards de dollars, ce qui en fait le onzième américain le plus riche. Il a inventé un système d'information et de trading en ligne simple, ergonomique et efficace qui a non seulement presque détruit la concurrence, mais a été et sera pour longtemps l'un des modèles de base pour les médias de demain. Aujourd'hui, il reprend la tête de son bébé, à un moment où le groupe fait face à de nombreuses questions sur la direction à prendre pour la modernisation du terminal à l'heure d'internet, ainsi que sur Bloomberg TV, filiale qui opère à perte depuis des années.