Numérique : Emmanuel Macron attendu au tournant du financement

Emmanuel MacronEmmanuel Macron souhaite déposer un projet de loi pour le numérique et les PME pour cet été. Reste à voir s'il prendra la mesure correcte de la vie des sociétés françaises déjà existantes du numérique - qui n'ont pas été financées à la hauteur nécessaire et n'ont pu en conséquence croitre comme elles l'auraient pu - ou s'il fera une loi-gadget pour obtenir les applaudissements de l'auditoire habituel.

Emmanuel Macron prépare sa deuxième loi, a priori pour cet été, "pour les PME, le numérique, et pour relancer l'investissement privé", a déclaré le ministre de l'économie hier à Beaune, lors d'une visite des opticiens Atoll. Il souhaiterait "consolider l'industrie française du numérique avec des mesures de simplification" . Celles-ci seraient accompagnées de "mesures de relance de l'investissement privé".

Sempiternel crowdfunding ? 

Sur l'investissement, on ne sait pas encore s'il s'agira des mesures devenues habituelles de facilitation du "financement participatif", ce qui serait décevant, puisque ce type de financement rassemble trop peu de fonds que pour financer sérieusement le numérique et les entreprises connexes. D'ailleurs la Silicon Valley ne se finance pas de cette manière, sinon à un niveau anecdotique. Tout au plus le financement participatif, qui pose en outre des questions quant au blanchiment d'argent, peut-il être utilisé pour des minis-projets, notamment artistiques, mais ne peut être considéré comme une base sérieuse pour bâtir les champions français de demain.

La BPI et les canards boiteux

Emmanuel Macron n'a pas non plus donné de détails sur les conditions d'attribution de financement ou de garanties au numérique français par l'Etat. L'on ne sait pas si ces conditions seront ou non révisées. L'on songe notamment à la Banque Publique d'Investissement, dont les conditions actuelles de financement sont inadaptées à des entreprises du numérique dont nombre sont fonctionnelles depuis plusieurs années, mais ont du utiliser leurs fonds propres - et donc leur capacité à emprunter dans le système traditionnel - pour pouvoir financer leur innovation. Or ces entreprises, dont le nombre s'accumule, ne peuvent porter cette innovation dans leurs actifs en l'absence d'outils comptables appropriés pour ce faire en France.

La concurrence internationale bien financée les coiffe au poteau

Ces entreprises ont évidemment utilisé leurs fonds propres par nécessité, et avec l'accord de leurs actionnaires, ces dernières années ayant été - c'est le moins que l'on puisse dire -extrêmement chiches pour l'investissement numérique en France. Or leurs fondateurs les avaient mises en place sur base du principe qu'ils pourraient compter sur des investissements considérables - notamment le Grand Emprunt - quand ils se sont lancés dans les années 2010-2011. Ces structures, qui ont perduré malgré des conditions qui seraient considérées comme insupportables dans la Silicon Valley - notamment des salaires extrêmement bas - ont pourtant été accusées d'être des "canards boiteux" par Jean-Pierre Jouyet, ancien président de la BPI désormais à l'Elysée.

Cela a ajouté l'insulte à la blessure de promesses non remplies d'accompagnement par l'Etat à la mise en place de conditions de financement favorables pour le numérique, et ce depuis de nombreuses années. En ce sens, le plan "French Tech" du secrétariat d'Etat au numérique, sous-financé et sans réelles perspectives que des "road-shows" et quelques évènements, ressemble de plus en plus à un cache-misère, porté tant bien que mal mais avec entrain par Axelle Lemaire, même si cela ne doit pas être facile tous les jours, avec pour témoin ses larmes au conseil des ministres.

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