Suivant probablement la règle selon laquelle les ennemis de leurs ennemis sont leur amis, les groupes [TF1, France Télévisions et M6 ont mis de côtés leurs habituelles gué-guerres de l'audimat pour attaquer, tous ensemble, le groupe Canal +. Le coeur du problème pour ces trois géants télévisuels, c'est bien évidemment le rachat de Direct 8 par Canal + , une acquisition qui n'en finit plus de faire couler l'encre comme la salive. Il faut dire qu'il y a quelques jours, le groupe de télévision payante avait annoncé qu'il rejetait les conditions posées par le CSA pour valider le rachat, et était même prêt à gérer la chaîne sans en être propriétaire. Voilà donc aujourd'hui que le CSA doit recevoir une nouvelle volée de bois vert, cette fois en provenance de TF1, France Télévisions et M6 qui n'ont pas envie de se faire grignoter des parts d'audience par une fréquence de la TNT modernisée et soutenue par les revenus d'une chaîne et de bouquets payants. Nonce Paolini, PDG de TF1 se veut lyrique "C'est une responsabilité historique qui incombe aujourd'hui au CSA (...) ce n'est pas la chaîne Direct 8 que nous craignons, mais l'arrivée sur ce marché très bataillé d'un acteur en situation de monopole sur la télévision payante, qui bénéficie à ce titre d'une puissance financière plus importante que celle de TF1 et M6 réunies et de règles exorbitantes du droit commun." Puis c'est au tour de Nicolas de Tavernost, patron d'M6, d'en remettre une couche "partout ailleurs dans le monde, on interdit à un acteur en quasi monopole sur son marché d'aller cannibaliser un autre marché. C'est ce que nous attendions des autorités de régulation en France. Sky en Angleterre a été contraint de revendre sa participation dans ITV. Il n'est pas normal que Canal+ puisse utiliser les armes puissantes qui sont les siennes pour concurrencer les acteurs de la télévision gratuite." Autre problème soulevé par Nonce Paolini : le financement deu cinéma et des fictions "c'est l'avenir de la création française qui est en jeu. Car c'est l'existence de deux guichets, payant et gratuit, qui a fait son succès. TF1, M6 et France Télévisions, c'est 75% du financement de la fiction et du cinéma. Quand Canal+ explique qu'il est le grand financier de la création française, ça n'est pas vrai." Quant à Rémy Pfimlin, big boss de France Télévisions, il dit avoir "deux sujets d'inquiétudes: le sport et le cinéma. Canal+ est un grand acquéreur de droits et nous serions dans une situation délicate si ce dernier s'accaparait les droits gratuits et payants de compétitions relevant des missions de service public comme le tennis, le cyclisme ou le handball." Les trois patrons font fi du fait que l'autorité de la concurrence a d'ores et déjà posé des conditions très précises à sa validation du rachat, tout comme du fait que le CSA et Canal + n'ont pas encore trouvé d'accord.