Disons le d'emblée pour tous les acteurs de la filière disque, ce budget 2013 du ministère installé rue de Valois est un camouflet, presque un outrage. Tandis que le centre national de la musique a été abandonné à la rentrée, et que le crédit d'impôt, très maigre consolation d'une dizaine de millions d'euros pour les producteurs est encore dans les limbes (comme le souligne l'UPFI dans un communiqué), sur les quarante quatre pages publiées par le ministère une seule, la dernière, est consacrée aux industries culturelles !
Bien entendu, les fidèles lecteurs d'ElectronLibre savent déjà que la ministre Aurélie Filippetti a perdu ces dernières semaines les dossiers concernant la presse, l'Hadopi (dont il n'y aucune mention dans le document relatif au budget 2013), et la taxe sur les télécoms défendue à Bruxelles. Il est toujours délicat de savoir si cela répond à une logique gouvernementale nouvelle ou bien à une inquiétude de l'exécutif devant l'action menée par sa ministre. A l'Elysée on confirme à demi-mot qu'on est bien conscient qu'il y a un "problème" Filippetti, mais la ministre est populaire, et s'en débarrasser n'est pas à l'ordre du jour. Et en définitive, elle n'a jamais montré un intérêt particulier pour ces questions souvent très techniques et qui impliquent presque à chaque fois d'aller guerroyer avec Bercy pour de l'argent.
3,8 milliards d'euros pour l'audiovisuel
Bref, Aurélie Filippetti a donc présenté un budget sans grande surprise, sous le signe des économies pour ne pas dire de la rigueur. Il se ventile de la façon suivante. Un total de 7,363 milliards d'euros de crédits pour le ministère de la Culture et de la Communication en baisse de 2,3%. 3,8 milliards d'euros pour l'audiovisuel public. Une économie de 3,3% en faveur de la mission Culture (-4% hors évolution de CAS pension) dont 322 millions d'euros au profit des monuments historiques, et 385,8 millions d'euros pour les interventions en faveur du spectacle vivant et des arts plastiques qui sont "sanctuarisées", souligne la rue de Valois ! Enfin 232,2 millions d'euros en faveur de l'enseignement supérieur culturel, soit +2.52% pour un poste qui avait été mis tout en haut des préoccupations du chef de l'Etat. Et dont, la ministre a visiblement fait un de ses cheval de bataille. A cela il faut ajouter un bon de 10,8% sur les bourses de l'"enseignement supérieur culturel" et 33,2 millions en faveur de l'éducation artistique et culturelle (+8%). Voilà pour la culture subventionnée proprement dit.
La presse va peser pour 516 millions d'euros d'aides ! Une légère baisse comparée à 2011, mais le chiffre parait déjà colossal. On en sait pas encore si le sauvetage de Presstalis, pour lequel l'Etat serait prêt à débourser 60 millions d'euros, après en avoir promis seulement 30 avant l'été est compris dans cette somme. Quoi qu'il en soit, cette négociation sur Presstalis n'est pas encore terminé, elle doit surtout étancher le plan social des messageries parisienne, soit près de 1200 personnes ! Sur le plan artistiques le budget prévoit 774,4 millions d'euros en faveur des DRAC, et 1,130 milliards pour les opérateurs.
Pigeon
Et rien pour la musique enregistrée ou si peu, ainsi apprend-on à la dernière page que "en 2013, les crédits en faveur des industries culturelles (interventions en faveurs du livre et du cinéma en région), qui s’élèvent à 12,48 Ms, en augmentation de près de 7% par rapport à la LFI 2012, financeront un ensemble de politiques transversales en faveur de la protection des droits et du développement de l’offre légale du développement des industries culturelles et du renouvellement de la création". Est-ce à dire que ce sont les régions qui vont mener désormais le délicat chantier de l'offre légale ? Cela ne manquerait pas de pittoresque. Et l'humour ministériel fait encore des ravages au paragraphe suivant "plus particulièrement, dans le domaine de la musique enregistrée, seront aidées des structures qui favorisent la création, la diffusion et la formation des artistes dans les répertoires variés des musiques actuelles et classiques. Des soutiens seront également apportés à des événements ou prix tels que Les Victoire de la musique, qui favorisent l’émergence de jeunes talents dans différents genres (jazz, classique, variétés)". Voilà qui laisse augurer aussi une efficacité redoutable pour les deniers de l'Etat, mais on ne sait évidemment pas combien seront investis en plus dans cette action. D'ailleurs pour clôturer ce chapitre navrant, la rue de Valois termine en indiquant travailler à des "des mesures spécifiques et ciblées sur certains secteurs". Voilà qui va rassurer une filière du disque, qui au propre comme figuré est bien cette fois le pigeon à plumer d'une farce budgétaire.
Budget Projet de loi de Finance 2013, Culture et Communication