Ce lundi, deux événements de taille viennent secouer le petit monde de la "social TV", en France et outre Atlantique. D'une part Nielsen lance une mesure de popularité des shows télévisés basée sur Twitter, de l'autre Facebook annonce un partenariat data avec TF1 et Canal +, dans le même esprit : récupérer une partie des revenus publicitaires de la télévision.
La télévision, déjà reléguée au rang de média obsolète par certains analystes par trop optimistes ou pressés, continue de récolter le plus gros des deniers publicitaires, malgré l'explosion des "nouveaux" supports, qu'ils soient web ou mobile. Il était donc logique que les compagnies oeuvrant sur Internet en lien avec la télévision lorgnent sur ce magot en espérant pouvoir en ponctionner ne serait-ce qu'une petite dîme. La bataille que se livrent Twitter et Facebook dans ce cadre pour accéder au toujours tout puissant écran de divertissement principal des salons à travers le monde ne date pas d'hier, mais elle vient de connaître une accélération certaine.
Déjà tendance depuis des mois, le concept de Social TV est en train de prendre son envol de manière très concrète avec les deux informations de ce lundi. La première, c’est le lancement par Nielsen d'une mesure jaugeant l'audience des conversations à propos des programmes télévisés sur Twitter. Il ne s'agira donc plus simplement de savoir combien de messages ont été publiés sur le site de micro-blogging avec le ou les mots clés touchant à la série ou l'émission concernée, mais combien de personnes ont été touchées, d'une manière ou d'une autre, par ces messages. Aux Etats-Unis, 19 millions de personnes ont écrit quelque 263 millions de tweets sur des programmes TV au second trimestre de 2013 selon Nielsen, soit une hausse de 38% en un an. Autant dire que pour les groupes de télévision, il existe une manne inexploitée ou presque dans ces audiences sociales qui pourraient leur permettre de mieux cibler les téléspectateurs pour leur diffuser des publicités directement sur les réseaux sociaux. Autrement dit, les groupes de télévision, moyennant rémunération des réseaux sociaux, peuvent vendre un double espace publicitaire : celui du premier écran bien sûr, et celui du second, smartphone ou tablette, en même temps.
Accords en septembre
C'est d'ailleurs la même logique qui préside, cette fois ouvertement, aux accords annoncés ce lundi par Facebook, avec les chaînes TF1 et Canal +. Les chaînes affiliées à ces groupes sont également concernées, parmi lesquelles iTélé, D8 et D17 pour la compagnie dirigée par Bertrand Méheut ou TMC et HD1 pour le groupe de Nonce Paolini. Présentés comme des "échanges de données" sur les utilisateurs likant ou parlant des programmes des canaux concernés, soi-disant pour que les émissions puissent à terme générer plus d'audience directement à la télévision... Il s’agit en réalité de mieux connaître les téléspectateurs connectés, pour leur proposer des vidéos publicitaires plus précisément ciblées, dans leurs fils Facebook. La réseau social aux mains de Mark Zuckerberg proposera aussi aux chaînes un suivi en direct des publications sur les sujets qui les intéressent.
Et s'il peut sembler à priori que Twitter a un coup d'avance dans le domaine, il ne faudrait pas oublier que son colossal rival a déjà conclu en septembre dernier des accords analogues avec la chaîne CNN, l'émission "Today Show"de NBC, le bouquet britannique BSkyB ou les pure players américains Slate et Buzzfeed.